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Les merveilleux voyages -PARTIE 2 
 
 
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EPISODE 73. Pinocchio et princesse Margherita

 
 
 
L'ACTE 2 a également fait l'objet du concours "La colombe d'or" entre le 1 et le 26 février 2012 (Cliquez sur le lien ou la photo ! 
 
 
TITRE: Les Merveilleux voyages de Roberto et Miss Maryl 
 
Dans : 
 
« PINOCCHIO ET LA PRINCESSE MARGHERITA » 
73-ième épisode 
 
EPISODE 73 : « Pinocchio et la princesse Margherita » (2012) (Pièce illustrée)  
 
L’épisode « Pinocchio et la princesse Margherita » a été également découpé en 5 parties, à savoir les épisodes 21 à 25 issus de la série intégrale 4 (Part 2) qui a pour titre « Roberto et le miraculeux voyage de l’Amour » comportant 99 épisodes. 
 
Les épisodes 67 à 78 (Tome 14) sont extraits de la série intégrale 3 « Les Merveilleux Voyages de Roberto et Miss Maryl » comprenant 95 épisodes. 
 
S’agissant également de l’épisode 4 de la « série 14 » qui regroupe 8 pièces de théâtre écrites entre 2011 et 2012 d’après la mini-série théâtrale « LE CLUB DES COMPAGNONS BALLADINS » 
 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) 
 
 
AUTEUR : Emilien CASALI  
Email : casali-emilien1@orange.fr 
 
 
http://emiliencasali.populus.ch/ - http://compballadins.populus.ch/ 
 
 
 
PROLOGUE 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
Le « Rainbow Train » (Locomotive arc-en-ciel) sort d’un tunnel et traverse le village de Collodi situé dans la localité de Prescia (Toscane) 
 
L’action se déroule en début de journée dans le « wagon enchanté » au début du mois d’octobre de l’année 1890… 
 
Une longue allée traverse le « wagon enchanté » qui est meublé : 
Un petit bar et des tabourets sont placés près d’une cheminée (qui n’est pas allumée), des fauteuils et des tables rondes, une petite lampe rose repose sur chaque table…  
 
Cinq tableaux de la Renaissance sont accrochés aux murs où sont représentés les oeuvres des grands peintres suivants : « La Joconde » (Leonard de Vinci) , « Les noces de Cana » (Véronèse), « La naissances de Vénus » (Botticelli), « La création de l’homme » (Michel Angelo), « La Vierge à l’enfant » (Raphaël) 
 
Maître Cerise (le vieillard) est placé devant la porte de sortie, appuyé sur sa canne… 
 
Carlo (le jeune adolescent) traverse le wagon une valise à la main, puis se place devant la porte de sortie…  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne, s’adresse au jeune adolescent 
C’est vraiment toi, Pinocchio ? 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Je vous demande pardon ? 
 
MAITRE CERISE (le vieillard) 
Tu es devenu un beau jeune homme. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Vous faites erreur, monsieur, je ne suis pas celui que vous croyez.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
Tu es plus grand que moi maintenant. Te rappelles-tu de ce bon vieux temps où tu venais t’amuser dans mon atelier ? 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Je regrette, mais je ne vous connais pas. 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne, tend l’oreille 
Comment ? Tu me fuis à présent. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main, monte la voix 
Tout ça, c’est de l’histoire ancienne ! 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
N’oublie pas, mon garçon, que tu ne serais rien sans moi. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Et pourquoi cela ? 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
Ce soir-là, si je n’avais pas donné la pièce de bois à ton père, tu n’aurais jamais été de ce monde… à l’époque, j’avais l’intention de te fendre en mille morceaux pour te donner en pâture aux flammes de ma cheminée. Tu as eu bien de la chance, mon garçon ! 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Mais qui êtes-vous au juste ? 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
Un vieil ami qui te voulait toujours du bien au temps où tu étais un gentil garçon.  
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Maître Cerise ! Mille excuses, je ne vous avais pas reconnu.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
Eh bien, tu en as mis du temps pour me reconnaître, Pinocchio !  
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Que c’est drôle ! Plus personne ne m’a surnommé ainsi depuis sept ans… depuis le jour où je suis devenu un véritable enfant sage. 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
Parlons-en de ta sagesse ! Je me demande où elle est passée ?  
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Au regret de te décevoir, vieillard, je n’ai plus rien à voir avec la marionnette d’autrefois. Aujourd’hui, je m’appelle Carlo et je suis menuisier de mon état. Bientôt, je reprendrai la succession de mon père et serai respecté dans toute la vallée.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), appuyé sur sa canne 
Peu importe ce que tu es devenu ! Ce qui compte le plus au monde, c’est ta mémoire !  
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Je ne vois vraiment pas ce que ma mémoire vient faire dans cette histoire? 
 
 
MAITRE CERISE (le vieillard) 
Celle-ci semble oublier les bons amis qu’elle a croisés sur sa route !? 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
A quels amis fais-tu allusion ?  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), lui cogne sur la tête avec sa canne 
Tête de bois ! Je veux parler de tous ceux qui ont partagé ton enfance ! Ta mémoire doit toujours se souvenir des mains qui se sont tendues vers elle et qui lui ont permis de s’élever jusqu’au plus haute branche des cieux. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Ne t’inquiète pas pour mes mains, Maître Cerise, celles-ci savent parfaitement travailler.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), lui cogne sur la tête avec sa canne 
Tu comprends toujours les choses à moitié. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main, repousse le vieillard 
Et puis cesse de m’importuner avec des souvenirs d’enfance que j’ai enterrés à tout jamais.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard) 
Alors, comme ça, tu es devenu menuisier de ton état. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Figure-toi que j’ai obtenu mon diplôme de menuisier hier matin et que cela fera la fierté de mon père.  
 
Un coup de sifflet retentit… 
MAITRE CERISE (le vieillard), sa canne à la main 
Tu as finalement choisi le même métier que ton père Gepetto. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Seulement « moi », vois-tu… j’ai fait mon apprentissage dans la plus grande école des métiers de Florence.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard) 
Je constate que tu n’as pas seulement perdu la mémoire, Pinocchio.  
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Je m’appelle Carlo ! 
MAITRE CERISE (le vieillard) 
Et non seulement cela, tu as également emprunté les mauvaises manières de la grande ville. Bientôt, tu te prendras pour Dieu ! 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Une chose est sûre, je ferai de meilleures affaires que mon père dans la région. Moi, je n’irai jamais travailler pour trois sous.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), lui cogne sur la tête sa canne  
Ferme-la ! Je ne sais pas ce qui me retient de t’arracher la langue, tête de bois !?  
 
Un coup de sifflet retentit… 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Malheureusement, je dois vous quitter, Maître Cerise, la locomotive vient de faire son arrêt en gare de Collodi. (La porte du train s’ouvre) Ce fut un plaisir de vous revoir ! Ciao ! (Il s’apprête à descendre du train) 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), lui barre le chemin avec canne  
Un instant, jeune homme ! 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Mon père va se faire du souci s’il ne me voit pas sur le quai de la gare. 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), lui barre le chemin avec canne  
A propos de Geppetto… tu le salueras de ma part. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Je n’y manquerai pas.  
 
MAITRE CERISE (le vieillard), lui barre le chemin avec canne  
Il ne se rend plus au marché depuis qu’il est tombé malade.  
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
Mon père est malade ? 
 
MAITRE CERISE (le vieillard), retire sa canne 
Geppetto ne t’attend pas sur le quai de la gare comme à son habitude. Tu dois rentrer chez toi tout seul. 
 
CARLO (le jeune adolescent), sa valise à la main 
D’habitude, mon père vient me récupérer jusqu’à la gare en bicyclette. Tu es vraiment certain qu’il est malade ? 
 
MAITRE CERISE (le vieillard) 
Je regrette d’ailleurs qu’il ne soit pas venu à mon enterrement.  
 
Maître Cerise disparaît du lieu comme par enchantement… 
 
Un nuage de fumée envahit les lieux… 
 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
--------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 1  
 
 
Le nuage de fumée se dissipe… 
 
 
Quelques heures plus tard… 
 
 
Nous sommes toujours au début du mois d’octobre de l’année 1890… 
 
 
A présent, l’action se déroule dans « la chambre rouge » de la majestueuse villa du Marquis de Garzoni de style baroque (XVIIIème siècle) laquelle est située sur les hauteurs du village de Collodi… 
 
Une magnifique tapisserie repose sur le mur de la chambre rouge sur laquelle est représenté un berger au pied de son olivier entouré de ses moutons posant pour un vieux peintre à longue barbe blanche de la Renaissance italienne… 
 
La fenêtre de la chambre rouge est grande ouverte, celle-ci laissant entrevoir l’église  
San Bartolomeo…  
 
Un grand lit en baldaquin est placé en face d’une large cheminée (éteinte) sur laquelle  
repose une lanterne… 
 
Près du lit se trouve une armoire à glace… 
Un lustre en bronze doré à douze bras de lumière est placé au plafond…. 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, rentre dans la chambre rouge, suivi de Margherita 
Votre Majesté bénéficiera de la chambre préférée de l’empereur des français.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), lève la voix  
Je n’entends rien ! Que dites-vous, Monsieur le Marquis ? 
 
La cloche de l’église San Bartolomeo continue de retentir…  
 
LE MARQUIS DE GARZONI, lève la voix  
Votre Majesté a fait bon voyage ?  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), lève la voix  
Parlez plus fort, je vous prie !  
La cloche de l’église San Bartolomeo continue de retentir…  
 
LE MARQUIS DE GARZONI, lève la voix  
C’est une très bonne chose que d’avoir choisi ma villa comme lieu de villégiature… les couleurs de l’automne embelliront le teint de votre visage. 
 
 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), lève la voix  
La fenêtre ! 
 
 
La cloche de l’église San Bartolomeo continue de retentir…  
 
LE MARQUIS DE GARZONI, lève la voix  
L’empereur des français appréciait beaucoup le son de la cloche de l’église San Bartolomeo pendant son déjeuner.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), lève la voix  
Voulez-vous bien fermer cette fenêtre, on ne s’entend plus ! 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, ferme la fenêtre 
Je suis persuadé que Votre Majesté y prendra goût avec l’habitude.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
L’abbé Bartolomeo a-t-il également réglé l’horloge de son église sur le petit  
déjeuner de Napoléon ? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, ferme la fenêtre 
Très certainement. 
 
Une fois la fenêtre fermée, le son de la cloche de l’église San Bartolomeo retentit  
Légèrement.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Je ferai la grâce matinée pendant mon séjour à la villa. Ayez la gentillesse d’en  
toucher mot à l’abbé Bartolomeo. 
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Je n’y manquerai pas, Majesté. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Et maintenant, fermez ce rideau !  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Que cela rassure la reine Margherita, à cette hauteur personne ne peut la voir de l’extérieur. De même que les murs sont très larges… de sorte à ce que personne ne puisse entendre notre conversation. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Je désire rester incognito durant mon séjour à Collodi.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Je veillerai scrupuleusement à ce que personne ne soit présent dans notre splendide jardin afin de ne pas déranger notre reine lorsque l’envie soudaine lui prendra d’aller flâner au bord des jets d’eau. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Je ne pense pas mettre le nez dehors. Me suis-je bien fait comprendre ? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Certes. Je ferai selon votre volonté.  
Le marquis ferme le rideau à l’aide d’une baguette… 
 
FIN DE LA SCENE 1  
 
----------- 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
A présent, la chambre est plongée dans le noir d’où l’on ne distingue que la silhouette des deux personnages qui se déplacent lentement… 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
J’ai choisi de me rendre à la villa Garzoni pour faire une parenthèse avec ma vie.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI 
Je l’entends bien, ma Reine !  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Mon époux ignore que je me suis rendue à la villa accompagnée de mon pizzaiolo napolitain. 
 
LE MARQUIS DE GARZONI 
Vous pouvez compter sur mon entière discrétion. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
 
Personne ne doit être au courant de ma présence à Collodi.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Sur ordre de ma Reine, j’ai congédié mon personnel dans l’heure qui précédait son arrivée chez nous.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
A partir de maintenant, je ne suis plus votre reine.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Je vous demande pardon ? 
 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Si les habitants du village se posent des questions à mon sujet, vous n’aurez qu’à leur dire que je suis une lointaine tante de Savoie venue se recueillir sur la tombe de votre défunt père.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Votre Majesté est bien trop jeune pour être ma tante. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Je sais bien que vous dites cela pour me faire plaisir.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Je le pense sincèrement. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
A l’approche de mes quarante printemps, j’ai passé l’âge des compliments. 
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
C’est que Votre Majesté en parait dix de moins. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Trêve de flatteries ! Voilà bien longtemps que je ne suis plus une jeune fille en fleur. Mais dites-moi, Monsieur le Marquis… est-ce normal que nous soyons plongés dans le noir depuis quelques minutes ? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI 
Mille excuses, ma reine ! Il s’agit en fait d’une négligence de ma part. (Puis il appuie sur un interrupteur placé près de l’entrée) J’avais tout simplement oublié d’appuyer sur cet interrupteur. 
 
Les lumières du lustre en bronze doré éclairent totalement la chambre…  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Quelle clarté soudaine ! (Elle se place devant l’armoire à glace)  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Ce n’est que tout récemment que j’ai fait installer l’électricité à la villa. J’ai encore du mal à m’habituer à cette nouvelle technologie.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), se contemple dans la glace 
Cette prodigieuse invention a pour effet de mieux définir les courbes de mon corps.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
Contrairement à la bougie ou la lampe à huile, l’électricité a ce don étonnant que de rendre l’enveloppe physique plus vraie que nature.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), se dandine devant la glace 
Ce procédé a surtout le don de mettre en valeur des défauts que je ne soupçonnais point jusqu’alors et qu’il me serait difficile de dissimuler... je ne m’imaginais pas avec autant de rondeurs. Il va falloir que je surveille ma ligne de plus près. 
 
Les lumières du lustre en bronze doré s’éteignent brusquement… 
 
 
FIN DE LA SCENE 2  
 
 
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ACTE 1 / SCENE 3 
 
Les deux personnages sont à nouveau plongés dans le noir, seules leurs silhouettes  
restent apparentes… 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), placée devant la glace 
Comment se fait-il qu’on n’y voit plus rien, Monsieur le Marquis ? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, se dirige vers l’interrupteur  
Voyez-vous, ma reine… comme toutes les nouvelles technologies qui n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements, la panne n’est jamais très loin.  
 
Le Marquis appuie plusieurs fois sur l’interrupteur, ce qui a pour effet de faire  
clignoter la lumière… 
 
LA REINE MARGHERITA, se fige devant la glace 
Rien de tel qu’une bonne panne pour effacer les rondeurs!  
 
Les lumières du lustre en bronze doré éclairent à nouveau la chambre…  
 
LE MARQUIS DE GARZONI  
La lumière s’est rétablie... j’ignore pour combien de temps encore ? 
 
LA REINE MARGHERITA, placée devant la glace, se parlant à elle-même 
Je redoute cet instant. 
 
LE MARQUIS DE GARZONI 
Quelque chose ne va pas ? 
 
LA REINE MARGHERITA, placée devant la glace, se parlant à elle-même 
Oserais-je lever mon voile ?! 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, s’approche lentement de Margherita 
N’ayez crainte. Ce sera sans conséquence.  
 
LA REINE MARGHERITA, placée devant la glace, fait un pas en arrière 
A quoi bon contempler mon visage dans ce miroir si j’en redoute les effets? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, pousse délicatement Margherita vers la glace 
Celui-ci ne fera que vous renvoyer l’image de vous-même. J’insiste ! 
 
Puis le voile se lève de lui-même comme par enchantement laissant apparaître le visage de la reine… 
 
LA REINE MARGHERITA, observe son visage dans la glace tout voile levé et sursaute 
Ce visage n’est pas le mien !  
 
LE MARQUIS DE GARZONI, qui se tient à sa hauteur 
C’est pourtant celui de notre reine bien-aimée. 
 
LA REINE MARGHERITA, observe son visage dans la glace tout voile levé 
Je ne suis plus la jeune fille d’autrefois.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI, placé à sa hauteur, change de voix 
Un grand sage d’Asie m’expliquait l’autre jour que la jeunesse ne durait que le temps d’un battement de cils.  
 
Les lumières du lustre en bronze doré clignotent à nouveau… 
 
LA REINE MARGHERITA, observe son visage dans la glace tout voile levé 
J’ai l’impression de faire le double de mon âge !? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, qui a changé de voix 
Personne n’est éternel en ce monde ! 
 
La lumière cesse de clignoter… 
 
LA REINE MARGHERITA, observe son visage dans la glace tout voile levé 
La lumière de cette chambre me vieillit considérablement. Je n’oserai plus jamais  
mettre les pieds dehors après cela.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI, qui a changé de voix 
Sachez que tout est mental. C’est pourquoi vous devez franchir le cap de l’apparence physique afin de vous accepter telle que vous êtes.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), observe son visage dans la glace tout voile levé 
C’est tellement facile à dire. 
 
LE MARQUIS DE GARZONI 
La prière vous y aidera certainement. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), observe son visage dans la glace tout voile levé 
Les cloches de l’abbé Bartolomeo ne pourront jamais me redonner mes 16 ans. 
 
Les lumières du lustre en bronze doré clignotent… 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, change de voix 
Peut-être pourrais-je remédier à cela ?  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), observe son visage dans la glace tout voile levé 
Et comment comptez-vous faire ? J’ai déjà essayé toutes sortes de crèmes antirides. 
 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, change de voix 
Ce n’est pas de crèmes dont il s’agit. 
 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), observe son visage dans la glace tout voile levé 
Me suggéreriez-vous de porter le masque vénitien ? J’ai entendu dire qu’il avait le pouvoir de cacher toutes nos rides et que l’effet qu’il produisait sur quiconque rendait  
notre visage plus acceptable.  
 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, change de voix 
Le masque est un objet illusoire ! Il n’effacera en rien votre nature propre, si ce n’est la soustraire momentanément aux yeux d’autrui… le temps d’un bal masqué ou d’une rencontre hasardeuse… jusqu’au jour où l’un de vos proches découvrira la supercherie. C’est alors qu’il vous démasquera en public pour vous ridiculiser. La honte qui s’en suivra laissera place ensuite à un chagrin que Votre Majesté ne pourra  
jamais surmonter. Que diable ! Ne donnez pas le bâton pour vous faire battre !  
 
Les lumières du lustre en bronze doré s’éteignent brusquement… 
 
LA REINE MARGHERITA, observe son visage dans la glace tout voile levé 
En ce cas, qu’avez-vous de mieux à me proposer ?  
La lumière se rallume… 
 
Entre temps, le marquis s’est métamorphosé en papillon noir à tâches dorées… 
 
LE MARQUIS DE GARZONI, métamorphosé en papillon noir à tâche dorées 
Un élixir de jouvence aux propriétés encore méconnues par la science ! 
 
LA REINE MARGHERITA, sursaute en apercevant le papillon noir 
Qui êtes-vous ? Où est passé monsieur le Marquis ? 
 
LE MARQUIS DE GARZONI (sous les traits du papillon noir) 
Celui-ci dort gentiment dans sa chambre à l’heure qu’il est. Permettez-moi de me présenter : je suis le magicien sans nom.  
 
LA REINE MARGHERITA, s’écarte du papillon noir  
Que voulez-vous de moi ?  
 
LE MARQUIS DE GARZONI (sous les traits du papillon noir) 
Je viens vous délivrer d’un mal qui vous ronge. 
 
LA REINE MARGHERITA, découvre son châle qui laisse apparaître un collier en émeraudes qui brille sur l’éclat de sa peau  
Si c’est mon collier en émeraudes que vous voulez, je vous le donne en échange de ma  
vie.  
 
LE MARQUIS DE GARZONI (sous les traits du papillon noir) 
Je n’ai nullement l’intention de vous faire du mal. Je veux juste vous aider. 
 
Des pas résonnent dans le couloir… 
 
LE MARQUIS DE GARZONI (sous les traits du papillon noir) 
Acceptez mon aide et je ferai de vous la fille la plus joyeuse de tout le royaume. 
Les pas s’avancent en direction de la chambre… 
 
UNE VOIX, fredonne une chanson dans le couloir  
« Che bella cosa e' na jurnata 'e sole 
N'aria serena doppo na tempesta! 
Pe' ll'aria fresca pare già na festa 
Che bella cosa e' na jurnata 'e sole »  
(Première partie de la chanson « O sole mio » – Giovanni Capurro)  
 
Le papillon noir s’évanouit sous les yeux de la reine Margherita… 
 
La reine Margherita se dirige vers un phonographe sur lequel repose un disque qu’elle actionne à l’aide d’une petite manivelle qui laisse échapper de la musique… 
 
Un nuage de fumée rose envahit la chambre… 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 4 
 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
 
Pendant ce temps-là dans la maison de Geppetto qui se trouve en aval du village de  
Collodi… Il est environ 12 heures de l’après-midi… Une cheminée est allumée au-dessus de laquelle est accrochée une grosse marmite… Geppetto est à table et mange tranquillement sa soupe pendant que Carlo (le jeune adolescent) dort dans un lit douillet (une bouteille de vin à la main) au pied duquel repose une veille paillasse… une bougie est placée sur la table et un tableau est placé au-dessus du lit qui représente le portrait de la fée bleue qui sourit…  
 
GEPPETTO 
C’est midi ! Réveille-toi, mon fils ! C’est l’heure de manger ta soupe ! 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Je n’aime pas la soupe ! 
 
GEPPETTO 
C’est ta soupe préférée ! Papa te l’a préparée avec des légumes frais qu’il est allé acheter au marché malgré sa mauvaise santé…  
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Je souhaiterais pouvoir dormir encore un peu. 
 
GEPPETTO 
Mais que se passe-t-il, Carlo ? Ça fait trois jours que tu fais la grâce matinée.  
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
La barbe ! 
 
GEPPETTO 
Tu te couches trop tard, mon fils ! (Un temps) Tu entends ce que je te dis ? Ce n’est pas comme ça que tu vas gagner ta vie.  
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Cesse de me faire la morale, Geppetto ! Je fais ce que je veux ! Je suis un homme à présent !  
 
GEPPETTO, est pris de tremblement 
Je suis très malade et j’ai besoin de repos… Papa se fait très vieux, comprends-tu ? 
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Ce n’est pas mon problème ! 
 
GEPPETTO, se lève de table 
L’autre fois, tu m’as dit que tu étais d’accord pour qu’on se partage le lit.  
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Tu n’as qu’à dormir sur la paillasse.  
 
GEPPETTO, se dirige lentement vers le lit 
Le sol est trop dure pour mes vieux os, mon fils ! (Un temps) J’ai une idée ! Pendant que tu iras manger ta soupe, j’irai me reposer un peu…  
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Je préfèrerais manger au restaurant.  
GEPPETTO, placé à côté du lit 
Tu sais parfaitement que ce n’est pas dans mes moyens. 
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
Quand je travaillerai, j’irai manger au restaurant tous les jours.  
 
GEPPETTO 
Et quand comptes-tu te mettre à travailler, mon fils ? 
 
CARLO (Le jeune adolescent), couché dans son lit 
On verra bien… et maintenant, bonne nuit ! (Il se rendort) 
Geppetto se dirige vers la cheminée et soulève une bûche avec grand peine 
 
GEPETTO, est pris d’une douleur à la poitrine au moment où il jette la bûche dans le feu de la cheminée 
Mon mal me reprend, dirait-on !? (Il reste courbé) 
 
LA FEE BLEUE (Placée dans le cadre), lui adresse la parole 
Ton fils ne prend pas beaucoup soin de toi, Geppetto ! 
 
GEPETTO, courbé, pris de douleur, ses mains posées sur la poitrine 
Depuis son retour de Florence, il ne m’écoute plus et ne fait rien de ce que je lui demande. Il passe son temps à faire la fête avec ses copains du village qui en ont fait  
un alcoolique. Il croit que je ne le voie pas faire son petit manège.  
 
LA FEE BLEUE (Placée dans le cadre), lui adresse la parole 
Il faut impérativement qu’il change de comportement.  
 
GEPPETTO, courbé, pris de douleur, ses mains posées sur la poitrine 
Carlo refuse d’aller travailler maintenant qu’il a obtenu son diplôme de menuisier. Monsieur ne veut pas débuter son métier en faisant des petites tâches comme le faisait autrefois son papa. Il dit que cela ne rapporte rien. Il veut commencer sa carrière par de gros chantiers de menuiserie qui rapporte gros. C’est que les gens sont très près de leur sous de nos jours. Ils veulent que le travail soit bien fait. Mais sans expérience, personne n’ouvrira sa porte à mon Carlo ! Je ne sais plus quoi faire ?! Je suis complètement désemparé ! Aujourd’hui, j’ai le cœur malade. Le docteur Benigni m’a dit l’autre jour qu’il me restait peu de temps à vivre. Je n’ai plus la force de m’occuper de mon fils comme autrefois.  
 
 
 
LA FEE BLEUE (Placée dans le cadre), lui adresse la parole 
Justement… j’aurai un travail à lui confier dans les prochains jours. Ce sera pour lui l’occasion de faire ses preuves. S’il réussit proprement sa mission, les portes de la grande société lui seront toutes acquises. Je compte sur lui pour redevenir un jeune homme sage et respectueux.  
 
GEPPETTO, courbé, pris de douleur, ses mains posées sur la poitrine 
Voilà une bonne nouvelle qui devrait réjouir mon enfant ! 
 
LA FEE BLEUE (Placée dans le cadre), lui adresse la parole 
Dans le cas contraire… je ne donne pas cher de sa peau. 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
FIN DE LA SCENE 4 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
Le lendemain matin à la villa Garzoni… 
L’action se déroule dans la grande cuisine au milieu de laquelle se tient une grande table ronde un peu bancale avec un pied en moins… 
 
La reine Margherita (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée une coupe de Champagne en main… 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), chante en faisant virevolter une pâte à pizza au-dessus de ses doigts 
« La donna è mobile 
Qual piuma al vento, 
Muta d'accento - e di pensiero. 
Sempre un amabile, 
Leggiadro viso, 
In pianto o in riso, - è menzognero.” 
(Premier strophe de la chanson « La donna è mobile » de Francesco Maria Piave)  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), placée dans la chaise à bascule, une coupe de Champagne en main 
Assez ! Assez !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), dépose sa pâte à pizza sur la grande table  
Quelque chose ne va pas, Margherita ? Tu as l’air triste ce matin. 
 
LA REINE MARGHERITA, placée dans la chaise à bascule, une coupe de Champagne en main 
J’ai la migraine ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Tu devrais arrêter de boire autant de Champagne, tu vas te rendre malade.  
 
LA REINE MARGHERITA, placée dans la chaise à bascule, déguste son Champagne  
C’est ma première coupe. Tu ne vas pas en fais pas un drame, tout de même ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Je ne comprends pas ?... depuis que nous sommes ici, tu n’es plus la même femme. (Un silence) Quelqu’un t’a fait du mal ? (Il se saisit d’un rouleau à pâtisserie) Où est-il ce malpropre ?  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), une coupe de Champagne en main 
Calme-toi, s’il te plait ! Il ne s’est rien passé du tout ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Il y a quelqu’un d’autre dans ta vie, c’est bien ça ? 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Mais que vas-tu imaginer là, Raffaele ? Tu sais bien qu’il n’y a personne d’autre que toi.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
J’ai remarqué que le Marquis te faisait les yeux doux depuis deux jours. 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
C’est ridicule ! C’est juste un ami qui a eu la gentillesse de me recevoir chez lui. (Elle lui tend un bras) Aide-moi à me relever, s’il te plait !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Reste assise ! (Il tourne en rond avec son rouleau à pâtisserie) Mais alors comment se fait-il que tu n’aies toujours pas retiré ton voile depuis que nous séjournons dans la villa ?  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
J’ai mes raisons, voilà tout ! (Elle casse sa coupe de Champagne sur le sol) Et puis cesse de brailler autant !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Je suis sûr que tu me caches quelque chose ! 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) 
Tu ferais mieux de me servir une autre coupe de champagne au lieu de me faire une scène de ménage pour rien du tout. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Tu as suffisamment bu comme ça ! 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, rentre dans la cuisine en courant, un stéthoscope autour du cou et une trousse de secours à la main  
Silence ! Que personne ne bouge !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie  
Halte là ! Qui êtes-vous, Monsieur ? 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou et une trousse de secours à la main 
Je suis le docteur Benigni ! Laissez-moi passer, je vous prie ! C’est urgent ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie  
Vous n’avez pas le droit d’entrer ici sans frapper. 
 
Margherita est caché par Raffaele… 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Je viens soigner la migraine de la tante de Monsieur le Marquis.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie 
De quelle tante parlez-vous ? (Il lui indique la sortie avec le rouleau à pâtisserie) Demi-tour, je vous prie !  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Qui êtes-vous, Monsieur ? Je ne crois pas vous connaître !? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie Je suis le pizzaiolo de Madame Margherita… 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Qui est la femme de Monsieur le Marquis. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie  
Le Marquis est seulement son hôte. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Et où est la femme de Monsieur le Marquis ? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie  
Elle est aux Baléares.  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main  
Et votre femme ? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie  
Chez sa mère. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, dépose sa trousse sur le sol 
Votre tante ?  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie Chez ma mère à Naples.  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, un stéthoscope autour du cou, se penche sur la table 
Et Monsieur le Marquis ?  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie  
Dans sa chambre. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, se penche sur la table pour observer Margherita 
Qui est cette femme sur la chaise à bascule ? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui bloque le passage avec le rouleau à pâtisserie Il s’agit de Madame Margherita que j’accompagne dans tous ses voyages depuis un an...  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, penché sur la table  
Qui pourrait bien être la femme de Monsieur le Marquis.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), l’empêche de se pencher sur la table, le rouleau à pâtisserie à la main 
Ne vous penchez pas sur la table, Docteur ! 
 
LE DOCTEUR BENIGNI 
Madame Margherita est trop vieille pour être la tante de Monsieur le Marquis. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Vous êtes trop vieux pour être son mari.  
 
LE DOCTEUR BENIGNI  
Je pourrais très bien être votre oncle.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Je n’y tiens pas spécialement. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI  
Et Madame Margherita serait votre tante ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Et ma femme deviendrait votre nièce ! 
 
LE DOCTEUR BENIGNI  
Et votre tante, ma cousine ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Dehors ! 
 
LE DOCTEUR BENIGNI  
Que fait Monsieur le Marquis ? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Il est au chevet de sa femme… 
 
LE DOCTEUR BENIGNI 
Qui occupe sa chambre d’hôtel aux Baléares… 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Pendant que ma femme occupe celle de ma tante. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI 
Alors que votre mère occupe la chambre de Monsieur le Marquis… 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Dans laquelle dort Margherita… 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, se penche à nouveau sur la grande table bancale (trois pieds) 
Laquelle est occupée à soigner la migraine de ma nièce…  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Qui est devenu ma cousine entre temps ! Prenez la porte, je vous prie ! 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, penché sur la grande table bancale (trois pieds) 
Et où est passée la tante de Monsieur le Marquis entre temps ? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main, retient le bras du docteur qui est penché sur la table  
Faites attention, elle est bancale !  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, penché sur la table, il est retenu par le bras de Raffaele  
La migraine provoque des effets secondaires. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Il lui manque un pied. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, penché sur la table  
J’ignorais que la tante de Monsieur le Marquis avait un pied en moins !? 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Le menuisier du village va le remplacer. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, penché sur la table  
Monsieur le Marquis devrait plutôt faire appel à un chirurgien.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lui indique la sortie avec le rouleau à pâtisserie  
La porte !  
 
Le docteur Benigni sort… 
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
 
 
Pendant ce temps-là, dans la chambre de Geppetto… 
Le portrait de la fée a disparu au-dessus du lit dans lequel dort Carlo (Le jeune homme) dont la tête est recouverte avec le drap… une bouteille repose à côté du lit… 
 
Le feu de la cheminée est éteint… 
 
 
LA FEE BLEUE, apparait comme par magie à côté du lit, une baguette magique à la main 
Debout, mon garçon, c’est l’heure d’aller travailler !  
CARLO (Le jeune homme), dont le drap recouvre la tête 
Hein ? Quoi ? Quelle heure est-il ?  
 
LA FEE BLEUE, placé près du lit, une baguette magique à la main 
C’est l’heure d’aller remplacer le pied d’une table. 
 
CARLO (Le jeune homme), dont le drap recouvre la tête 
Où ça ? 
 
LA FEE BLEUE, placé près du lit, une baguette magique à la main 
Dans la grande cuisine de la villa Garzoni. 
 
CARLO (Le jeune homme), dont le drap recouvre la tête 
Je n’ai pas envie d’y aller. 
 
LA FEE BLEUE, placé près du lit, frappe sur le lit avec sa baguette magique 
Tu souhaitais obtenir un travail bien rémunéré, n’est-ce pas ? Eh bien, en voilà un qui te conviendra parfaitement, mon petit garçon !  
 
CARLO (Le jeune homme), découvre le drap qui laisse apparaître une tête en bois 
Je ne suis plus un petit garçon, je suis un homme à présent ! (Il se touche le visage avec ses deux mains en bois) Mais que se passe-t-il ? Où suis-je ? 
 
LA FEE BLEUE, se déplace dans la pièce, sa baguette magique à la main 
Tu es retourné à l’enfance, Pinocchio ! 
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), s’assoit sur le lit 
Qu’est-ce que tu fais ici, Madame la fée bleue ? Sors de ma maison où je vais le dire à mon papa. (Un silence) Papa ! Papa !  
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, sa baguette magique à la main 
Ce n’est pas la peine d’hurler, tête de bois, ton papa n’est pas là ! 
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), assis sur le lit 
Où est-il ? Dis-le-moi ! Papa ! Papa !  
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, sa baguette magique à la main 
Il dort dans un lit bien douillet à présent. 
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), assis sur le lit 
Et pourquoi ça ? Il n’est pas bien ici ? 
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, sa baguette magique à la main 
Il ne trouve plus le sommeil sous son toit.  
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), se lève de son lit 
Mais je vais faire comment sans lui ? Qui va faire le ménage et la cuisine ? Tu veux bien me dire où il est ? J’ai assez joué comme ça !  
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, sa baguette magique à la main 
Geppetto ne rentrera pas à la maison tant que son fils sera méchant avec lui.  
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), fait quelque pas 
J’ai toujours été gentil avec lui. 
Le nez de Pinocchio s’allonge… 
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, fait disparaitre sa baguette magique  
Tu es surtout un être vaniteux, Pinocchio !… que la vie a trop gâté et qui ignore la peine qu’il cause à son papa et à son entourage. 
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), le nez allongé 
Pourquoi mon nez est-il allongé, Madame la fée bleue ?  
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, se saisit de la scie placée contre la cheminée 
C’est pour mieux te rappeler tes bêtises, Pinocchio.  
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), se lève du lit, le nez allongé 
Je suis quelqu’un d’honnête depuis que j’ai fait une grande école. 
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, la scie à la main 
Il ne suffit pas d’avoir fait de grandes écoles pour être quelqu’un d'honnête.  
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), marche dans la pièce, le nez allongé 
Bientôt, j’aurai beaucoup d’argent et je serai plus heureux. 
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée, la scie à la main 
Les gens heureux n’ont pas forcément beaucoup d’argent et les gens qui ont beaucoup d’argent ne sont pas forcément malheureux et vice versa. 
 
 
CARLO (Sous les traits de Pinocchio la marionnette en bois), marche dans la pièce, le nez allongé 
J’ai rien compris, mais ça à l’air intéressant quand même !  
 
 
LA FEE BLEUE, placée près de la cheminée  
Un jour, tu comprendras ! (Elle lui remet la scie) En attendant, prends cette scie et rends-toi à ton travail ! (Puis elle lui ouvre la porte)  
 
Pinocchio (la marionnette en bois), le nez allongé, sort de la maison… 
 
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 7 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
Au même moment dans la villa Garzoni… 
L’action se déroule toujours dans la grande cuisine au milieu de laquelle se tient une grande table ronde un peu bancale avec un pied en moins sur laquelle Raffaele (Le pizzaiolo napolitain) pétrit sa pâte à pizza tant bien que mal…  
 
La trousse du docteur Benigni repose à côté de la table… 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée tout en chantant, une coupe de Champagne à la main  
« Libiamo, libiamo ne'lieti calici 
Che la bellezza infiora. 
E la fuggevol, fuggevol ora 
S'inebrii a voluttà. 
Libiamo ne'dolci fremiti 
Che suscita l'amore… » 
Première partie de la chanson de Francesco Maria Piave - La Traviata (Verdi)  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lève les mains en l’air 
Ça ne va pas du tout !  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) continue de chanter  
« Poiché quell'ochio 
Al core onnipotente va. 
Libiamo, amore, amore fra i calici 
Più caldi baci avrà. 
Ah ! Libiamo, amore, amore fra i calici 
Più caldi baci avrà » 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), lève les mains en l’air 
Mamma mia ! Mamma mia ! Mamma mia !  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée, sa coupe de Champagne à la main  
Que se passe-t-il, mon Raffaele ?  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
J’ai raté ma pâte à pizza ! Voilà ce qui ne va pas !  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée, sa coupe de Champagne à la main  
Tu devrais cuisiner autre chose.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Comment ? Tu n’aimes plus mes pizzas ? 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée, sa coupe de Champagne à la main  
Ce n’est pas en m’ingurgitant huit pizzas par jour que je vais pouvoir récupérer mon poids d’origine.  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Voilà que madame se trouve des excuses pour ne plus manger mes pizzas ! Mais voyons, ma chérie, tu es aussi fine qu’une canne à pêche ! 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée, sa coupe de Champagne à la main  
Tu veux bien me servir une autre coupe de champagne au lieu de raconter des bêtises plus grosses que toi. Tu commences à me fatiguer depuis quelques temps. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Tu ne veux plus de moi, c’est bien ça ? Alors, je m’en vais ! 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée, jette sa coupe champagne à la main  
C’est cela même, pars le plus loin possible et que je ne te revoie plus traîner dans mes pattes ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Tu veux vraiment que je parte ? 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou) se balance sur une chaise à bascule au coin de la grande cheminée 
Rapporte une bouteille de champagne avant de partir ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) 
Mamma mia !  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, rentre dans la cuisine en courant, un stéthoscope autour du cou  
Silence ! Que personne ne bouge !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), se saisit du rouleau à pâtisserie  
Encore vous, Docteur ! Ce n’est pas le moment… 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, surgit dans la cuisine avec son stéthoscope autour du cou, 
Je cherche ma trousse. (Il cherche à droite et à gauche) Je ne fais que passer, pizzaiolo ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), désigne la table avec le rouleau à pâtisserie  
Elle se trouve près de la table. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, se saisit de la trousse placée à côté de la table 
Très bien ! Me voilà rassuré ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Vous avez trouvé la chambre de la tante ? 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, se saisit de sa trousse  
Je finirai bien par la trouver. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), mort son rouleau à pâtisserie avec ses dents 
Ce docteur m’agace ! Dehors, je vous prie !  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), toujours placée sur la chaise à bascule 
Je suis là, Docteur Benigni ! Coucou ! Je vous en prie, approchez-vous ! (Elle lui tend une main)  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, le stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Cher Madame Margherita… (Il lui fait le baisemain) Comment allez-vous depuis tout à l’heure ? 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage et châle sur l’épaule qui lui cache le cou), toujours placée sur la chaise à bascule 
J’ai la migraine. 
LE DOCTEUR BENIGNI, le stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Ça tombe bien, j’ai retrouvé ma trousse !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Un instant, Docteur ! Que voulez-vous à Madame Margherita ? 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, le stéthoscope autour du cou, sa trousse à la main 
Pour comment, je voudrais rester en tête à tête avec elle. 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), mort son rouleau à pâtisserie avec ses dents 
Mamma mia ! Mamma mia ! 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), retire le châle de son épaule qui laisse apparaître le collier de diamant 
Qu’attendez-vous pour me soigner, Docteur ! (Elle tousse) Vous voyez bien que j’ai la toux !  
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) mort son rouleau à pâtisserie avec ses dents 
Mamma mia !  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), retire le châle de son épaule qui laisse apparaître le collier de diamant 
Tu peux rentrer à Naples, Raffaele, je n’ai plus besoin de toi ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain) mort son rouleau à pâtisserie avec ses dents 
Mamma mia !  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, se saisit de son stéthoscope et s’agenouille devant Margherita 
Je suis à vous, Margherita ! 
 
RAFFAELE (Le pizzaiolo napolitain), le rouleau à pâtisserie à la main 
Je peux savoir ce que vous faites à genou, Docteur ? 
 
LE DOCTEUR BENIGNI 
Le travail que tout médecin digne de ce nom est sensé faire, à savoir ausculter ses patients.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant 
Tu peux disposer, Raffaele.  
 
Raffaele (Le pizzaiolo napolitain) quitte les lieux en mordant son rouleau à pâtisserie en marmonnant dans sa bouche… 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 8 
 
Le docteur Benigni ausculte Margherita avec son stéthoscope… 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant, se fait ausculter par le docteur 
Je ne sais comment vous remercier, Docteur Benigni. Sans vous, je n’aurai jamais pu me débarrasser de mon pizzaiolo. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, l’ausculte avec son stéthoscope 
Ce garçon n’a pas l’air dans son assiette !?  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant, se fait ausculter par le docteur 
Il se colle à moi comme un petit toutou depuis un an. Il ne veut pas admettre que j’ai besoin de changer d’air. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, l’ausculte avec son stéthoscope 
Il vous faut un nouveau look également. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant, se fait ausculter par le docteur 
Vous trouvez que j’ai pris du poids vous aussi ? Je ne suis pas donc la seule à le penser. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, fouille dans sa trousse 
Je possède le remède qui vous redonnera la jeunesse. 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant 
On m’a déjà promis mots et merveilles. Laissez donc, Docteur, je ne crois pas à tous ses remèdes de jouvence sensés vous rendre éternel. 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, sort de sa trousse un petit flacon qu’il tend à Margherita 
Avec cet élixir, vous allez déborder d’énergie.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant, se saisit du flacon 
Vraiment ?  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, se lève 
Une simple petite gorgée de cet élixir de jouvence et Votre majesté deviendra un rayon de soleil !  
 
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant 
Qu’est-ce que j’attends pour être heureuse ? (Puis elle porte le flacon à ses lèvres) C’est délicieux ! 
 
LE DOCTEUR BENIGNI, prend rapidement l’apparence du magicien sans nom (papillon noir à tâches dorées)  
Je ne me rappelle pas vous avoir parlé d’éternité, Votre majesté, je disais juste que j’avais en ma possession le remède qui allait vous faire retrouver vos 16 ans.  
 
LA REINE MARGHERITA (Chapeau noir à voile rouge sur le visage), le châle retiré laissant apparaître son collier de diamant 
Comment savez-vous qui je suis, Docteur Benigni ? J’espère que cet idiot de Marquis ne m’a pas vendu à la presse…  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, sous l’apparence du magicien sans nom (papillon noir à tâches dorées)  
Que votre souhait soit exaucé, princesse Margherita ! (Il fait apparaître une petite glace à main qu’il tend à Margherita)  
 
Le voile rouge se soulève comme par enchantement laissant apparaître le visage d’une jeune fille de 16 ans… 
 
LA REINE MARGHERITA, dont le voile rouge est soulevé, se saisit du miroir et se contemple 
Mais c’est merveilleux ! J’ai rajeunit de 25 ans ! Que s’est-il passé, Doc... ? (Elle sursaute en apercevant le magicien sans non (papillon noir)  
 
LE DOCTEUR BENIGNI, sous l’apparence du magicien sans nom (papillon noir à tâches dorées)  
Je vous laisse, belle princesse… votre petit prince charmant est actuellement en route pour la villa Garzoni…  
 
Il disparait du lieu comme par l’effet d’une baguette magique… 
 
LA REINE MARGHERITA, dont le voile rouge est soulevé, fait tomber le miroir et hurle 
A l’aide ! Quelqu’un veut s’emparer de mes diamants ! A l’aide !  
 
Un nuage de fumée envahit les lieux…  
 
 
FIN DE LA SCENE 8 
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
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ACTE 2 / SCENE 1  
 
Un nuage de fumée se dissipe…  
 
L’action se déroule devant le parc de Collodi (petit village toscan situé dans le nord-ouest de la Toscane – Italie)  
 
Lucignolo est placée à l’entrée du parc, un panier de roses qui repose à ses pieds… 
 
Pinocchio (Le pantin de bois au long nez), surgit d’une ruelle avec une scie à la main 
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), se saisit d’une rose dans le panier et interpelle Pinocchio 
Une petite rose pour papa ! Une petite rose pour princesse !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), une scie à la main 
Désolé, monsieur… je n’ai pas d’argent sur moi.  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), lui tend la rose 
Je te l’offre parce que c’est toi, Pinocchio !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main  
Et moi qui pensais que tout le monde m’avait oublié.  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), la rose à la main 
Il faut être aveugle pour ne pas te reconnaître, tête de bois ! (Il lui tend la rose) Accepte ma rose, elle te portera chance !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), une scie dans une main, passe devant Lucignolo en baissant la tête 
Je regrette, monsieur, mais le travail n’attend pas.  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), la rose à la main 
Depuis que « Monsieur » est parti à Florence pour y faire de grandes écoles, « Monsieur » ne reconnait plus ses amis d’autrefois. « Monsieur » veut peut-être que je me courbe sur son passage pour le saluer ? (Pinocchio ne répond pas et continue d’avancer) Tu oublies que j’étais toujours là pour prendre ta défense autrefois et que sans moi tu aurais pu mourir de faim sur les chemins de traverses. (Pinocchio s’arrête de marcher) « Monsieur » Pinocchio aurait-il effacé de sa mémoire tous ces merveilleux moments passés au théâtre des Marionnettes et au pays des jouets ? (Il dépose la rose dans le panier)  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main, fait demi-tour 
Lucignolo ! (Il s’approche de Lucignolo) Mon dieu comme tu as changé !  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), Il allume une cigarette) 
J’ai changé comme tout le monde ! Aujourd’hui, je suis un adulte et je peux fumer ma cigarette sans que ça nr gène personne.  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main 
Tu vends des roses à présent ?  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), fume sa cigarette 
Je travaille pour le fleuriste du village. 
 
La nuit tombe peu à peu… 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main 
C’est drôle, je ne te voyais pas travailler. 
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), fume sa cigarette 
Maintenant, j’ai aussi une vie de famille.  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main 
Tu as vraiment changé !  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), écrase sa cigarette 
Eh oui ! Que veux-tu ? Un jour ou l’autre, il faut bien arrêter ses bêtises ! Aujourd’hui, je suis un honnête citoyen qui a trouvé sa place dans la société. Bon, je ne gagne pas une fortune en vendant des roses, mais cela me permet au moins de nourrir ma femme et mes deux enfants. Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Maître Cerise m’a dit que tu étais rentré dans une grande école pour y apprendre la menuiserie comme ton père Geppetto. 
 
C’est alors qu’un troupeau de mouton passe devant le parc emmené par un berger qui fait retentir une cloche…  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main 
J’ai obtenu mon diplôme de menuiserie récemment et j’en suis fier.  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses) 
Toutes mes félicitations, Pinocchio !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main 
Et je viens de décrocher mon premier contrat de travail !  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses) 
En tous cas, tu n’as pas changé ! Tu es toujours une marionnette en bois !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa scie à la main 
Je n’ai pas toujours été un pantin de bois, tu sais. Moi aussi, j’ai été un garçon comme tout le monde pendant sept ans et comme tout le monde j’ai appris à faire de mon mieux…  
 
Des réverbères s’allument…  
 
LUCIGNOLO (le vendeur de roses), se saisit d’une rose  
Je t’arrête là, mon garçon ! La nuit est tombée… je dois rentrer chez moi. (Il tend la rose à Pinocchio) Tu l’offriras à la princesse de ma part ! Et puis… qui sait ?... Peut-être à une prochaine fois ? Ciao, bambino ! (Il quitte les lieux avec son panier)  
Mes amitiés à ton père !  
 
Pinocchio se retrouve au milieu du troupeau de moutons avec une scie dans une main et une rose dans l’autre… 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Dis-moi, jeune homme… sais-tu où se trouve la route qui conduit à Bucine ? Mes moutons et moi en avons assez de tourner en rond dans ce petit bourg !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), la scie dans une main et une rose dans l’autre  
Où se trouve le village en question, monsieur le berger ? 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
A côté du hameau de Mercatale, pardi !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), fait tomber sa scie en sursautant 
J’ignore où il se trouve ? 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
C’est là que j’habite avec ma mère et mes deux sœurs ! 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Ne vous fâchez pas, monsieur le berger ! 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Mais je ne me fâche pas, andouille ! Il y a que je suis inquiet pour mon mouton.  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Je ne vais pas pouvoir vous renseigner, désolé. 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Je vais essayer d’être plus précis : veux-tu bien me dire comment fait-on pour rejoindre la départemental qui conduit à Sienne ? 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Mais enfin, mon pauvre berger, Sienne est très loin d’ici. 
 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Qu’est-ce que tu racontes, petit ? Sienne n’est qu’à 50 kilomètre d’ici à vol d’oiseau. 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Vous devez certainement confondre avec Florence !?  
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Ça ne m’amuse pas du tout. 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Vous êtes dans le nord-ouest de la Toscane et non dans le centre. Vous avez conduit votre troupeau trop haut !  
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
J’ai pourtant suivi à la lettre les indications de mon étoile ! 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Votre étoile ne vous a pas indiqué la bonne route. 
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Dans ce cas, je vais retourner sur mes pas ! Au revoir, petit ! (Il fait demi-tour) Mais j’y pense… tu aimes les olives, mon garçon ? (Il lui tend la branche d’olivier) Prends cette branche d’olivier avec toi !  
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main  
Que voulez-vous que j’en fasse ?  
 
LE BERGER, qui tient une branche d’olivier à la main 
Si un jour tu passes du côté de chez moi, tu seras le bienvenu ! Ciao bambino ! Mes amitiés à ton père ! (Puis il s’en va) Et surtout, prends bien soin de toi ! (Il secoue sa cloche)  
 
Le berger et son troupeau disparaissent du lieu comme par magie… 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main, jette la branche par terre 
Je n’en veux pas de ta branche, berger !  
 
C’est alors que la branche se transforme en panier rempli d’olives en tombant sur le sol… 
 
PINOCCHIO (Le pantin de bois au long nez), sa rose à la main, ramasse le panier 
Mais c’est merveilleux ! J’adore les olives !  
 
Pinocchio s’en va avec le panier d’olives et oublie la scie en chemin… 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
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ACTE 2 / SCENE 2 
 
La scie de Pinocchio repose bien en vue devant l’entrée du parc de Collodi (petit village toscan situé dans le nord-ouest de la Toscane – Italie)  
 
Pinocchio s’arrête sous un lampadaire éclairé et contemple les étoiles avec son panier d’olives sous le bras et une rose à la main… 
 
Un gros chat et un grand renard sortent du parc repoussés vers la sortie par le gardien… 
 
LE GARDIEN DU PARC, repousse vers la sortie le gros chat et le grand renard  
J’ai assez vu vos têtes pour aujourd’hui ! Fichez le camp d’ici, vilaines bêtes ou bien j’appelle le carabinier ! Vous ferez moins les malins dans son cachot. (Puis il ferme la grande grille du parc)  
 
LE GRAND RENARD, agrippé à la grille 
On veut juste se reposer un peu dans le parc. 
 
LE GROS CHAT, s’agenouille devant la grille  
Laisse-nous passer une nuit à la belle étoile, rien qu’une nuit.  
 
LE GRAND RENARD, agrippé à la grille 
Fais un petit geste, gardien ! On n’a pas d’autre endroit où aller. 
 
LE GARDIEN DU PARC 
Je vous interdis de vous allonger sur mes fleurs ! Allez-vous-en ! Et que je ne vous revoie jamais plus rôder par ici !  
 
Le gardien s’en va… 
 
LE GRAND RENARD, aperçoit la scie de Pinocchio qu’il ramasse 
Regarde ce que je viens de trouver, gros chaton !  
 
LE GROS CHAT, s’approche du renard et lui arrache la scie des mains 
Avec cette grosse scie, on peut couper les branches des arbres pour se construire un lit bien douillet. Qu’en penses-tu ? 
 
LE GRAND RENARD, lui arrache la scie des mains 
Pas touche, gros chaton ! Cet outil pourrait nous rapporter très gros. 
 
LE GROS CHAT  
Tu veux l’échanger contre un marteau ? 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main 
Un marteau ? Pourquoi faire ? 
 
 
LE GROS CHAT  
Pour te frapper sur la tête, idiot ! (Rire aux éclats)  
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main 
Je ne vois vraiment pas ce qui te fait rire, gros chaton ?! 
 
PINOCCHIO, surgit avec son panier d’olives sous le bras et une rose à la main 
Cette scie m’appartient, Messieurs ! Rendez-la-moi ! 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, fait un bond en direction de Pinocchio 
Oh, mais regardez qui est là ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de voir un pantin de bois déambuler dans les rues de Collodi. 
 
LE GROS CHAT, bondit en direction de Pinocchio 
J’ai déjà vu cette marionnette quelque part !? 
 
PINOCCHIO, son panier d’olives sous le bras et une rose à la main 
Je m’appelle Pinocchio et cette scie m’appartient ! Je vous conseille de me la rendre sans quoi… 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, se place derrière Pinocchio 
Sans quoi tu nous dénonces au carabinier, c’est bien ça ? (il fait un bond sur place) Décidément, tu m’épateras toujours, Pinocchio ! (Il lui subtilise la rose du bout des doigts qu’il renifle ensuite) Et peut-on savoir à qui est destinée cette rose, si ce n’est pas trop indiscret de ma part ? 
 
PINOCCHIO, son panier d’olives sous le bras, lui reprend la rose  
Cela ne te regarde pas, vilain renard ! C’est ma rose ! 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, fait des cabrioles 
Pinocchio est amoureux ! Pinocchio est amoureux !  
 
LE GROS CHAT, bondit sur place 
Pinocchio, dis-tu ? Le vrai Pinocchio ? 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, secoue la tête 
En personne ! 
 
PINOCCHIO, son panier d’olives sous le bras et une rose à la main 
Rende-moi ma scie ou bien Lucignolo va vous botter les fesses !  
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, pleurniche  
Lucignolo ! Lucignolo ! Je t’en supplie, viens me défendre !  
 
LE GROS CHAT, éclate de rire, pleurniche 
Deux monstres de la pire espèce ont dérobé ma scie !  
 
 
PINOCCHIO, son panier d’olives sous le bras et une rose à la main 
Je le dirai à mon père ! 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, se blottit contre le gros chat en pleurnichant 
Notre conduite est intolérable ! Rends-toi compte, gros chaton, nous venons de faire de la peine à Pinocchio. 
 
LE GROS CHAT, pleurniche, le renard blotti dans ses bras 
Maintenant que « Monsieur Pinocchio » est sorti d’une grande école, il faut s’adresser à lui avec des pincettes.  
 
Le gros chat et le grand renard éclate de rire en bondissant dans tous les sens… 
 
PINOCCHIO, son panier d’olives sous le bras et une rose à la main, hurle 
Lucignolo ! A l’aide !  
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, tourne autour de Pinocchio 
Oh, mais que vois-je ? (Il chipe une olive dans le panier) 
 
LE GROS CHAT, tourne autour de Pinocchio à son tour 
J’ai vu la même chose que toi, Maître renard. 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, tourne autour de Pinocchio 
Un gros morceau de bois en pin qu’il me plairait de découper en mille morceau. (Il chipe une autre olive dans le panier) 
 
LE GROS CHAT 
Il fait vraiment froid, ce soir ! Quand je pense qu’on va dormir dehors. 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, tourne autour de Pinocchio 
Et si l’on faisait un grand feu de camp sous les étoiles ? Qu’en dis-tu, gros chaton ?  
 
LE GROS CHAT 
Où pourrait-on trouver du bois à cette heure-ci en dehors de la forêt du hibou charmeur de lucioles? 
 
Pendant ce temps-là, Pinocchio dépose sa rose dans le panier d’olive toujours placé sous son bras… 
 
LE GRAND RENARD, la scie à la main, s’arrête un instant 
Laisse-moi réfléchir un instant, gros chaton… (Il se gratte la tête avec la scie) Pinocchio fera très bien l’affaire !  
 
LE GROS CHAT, fait un bond et mord le mollet de Pinocchio 
Je confirme ! Son mollet est très dur !  
 
PINOCCHIO, repousse le gros chat 
Assez rigolé comme ça ! Je dois me rendre à mon travail.  
 
LE GRAND RENARD, remet la scie à Pinocchio 
Tu ne dois surtout pas faire attendre ton employeur. Tu as assez pris de retard comme ça. (Il chipe une olive dans le panier) 
 
Pinocchio se saisit de la scie…  
 
LE GROS CHAT, chipe une olive dans le panier 
« Monsieur Pinocchio » a trouvé un travail !  
 
LE GRAND RENARD 
Toutes nos félicitations !  
 
PINOCCHIO, la scie à la main 
J’ai décroché mon premier emploi à la villa Garzoni !  
 
LE GRAND RENARD 
Tu es un bon garçon, Pinocchio ! (Il chipe une olive dans le panier) 
 
PINOCCHIO, la scie à la main 
Je dois remplacer le pied d’une table de cuisine. 
 
LE GRAND RENARD 
Waouh ! Waouh ! Quel exploit ! (Il chipe une olive dans le panier) 
 
Pinocchio s’en va avec son panier d’olives et sa rose… 
 
LE GROS CHAT, salue Pinocchio de la main 
A bientôt, Pinocchio ! Merci pour les olives, elles sont excellentes ! 
 
LE GRAND RENARD, salue Pinocchio de la main 
Tu vas beaucoup nous manquer ! (Puis il se frotte les mains) Mon instinct me dit qu’il faut suivre ce garçon.  
 
LE GROS CHAT 
Et pourquoi ça ? 
 
LE GRAND RENARD 
Mon instinct me dit qu’il va nous conduire vers un trésor inestimable et que nous serons bientôt les animaux les plus riches de la campagne.  
 
LE GROS CHAT 
Après vous, Maître renard ! 
Le renard et le chat bondissent dans la ruelle éclairée par les lampadaires en éclatant de rire… 
 
Un nuage de fumée envahit les lieux… 
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
-------------- 
 
 
ACTE 2 / SCENE 3 
 
Le nuage de fumée se dissipe… 
 
L’action se déroule dans la grande cuisine de la villa Garzoni au milieu de laquelle se tient une grande table ronde un peu bancale avec un pied en moins et une grande cheminée auprès duquel se tient une chaise à bascule… 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, se promène dans la pièce avec un petit miroir à main dans lequel elle se contemple, tout en chantant la première partie de la célèbre chanson en dialecte napolitain « O Sole mio » de Giovani Capurro (1898) 
« Che bella cosa e' na jurnata 'e sole 
(Quelle belle chose qu'une journée de soleil) 
 
n'aria serena doppo na tempesta! 
(Un air serein après une tempête !) 
 
Pe' ll'aria fresca pare già na festa 
(Pour l'air frais on se croirait en fête) 
 
Che bella cosa e' na jurnata 'e sole 
(Quelle belle chose qu'une journée de soleil) 
 
Ma n'atu sole, cchiù bello, oje ne' 
(Mais il n'y a pas un autre soleil aussi beau) 
 
Refrain Bis  
O sole mio 
sta 'nfronte a te!  
(Mon soleil à moi est sur ton front.) 
 
'O sole, 'o sole mio 
sta 'nfronte a te! » 
(Mon soleil à moi est sur ton front.) 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, s’arrête de chanter pour parler à son miroir  
Miroir, miroir, mon beau miroir, dis-moi si je suis aussi jeune qu’autrefois !  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
« Ma princesse est encore plus resplendissante qu’autrefois ! »  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
Miroir, miroir, mon beau miroir, dis-moi si je vais rencontrer le prince charmant ! 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
Tu vas rencontrer le plus gentil jeune homme de toute la toscane !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
En es-tu certain, miroir, miroir, mon beau miroir ?  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
Encore que… tout dépendra des exigences de ma princesse ?!  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
Que veux-tu dire par-là, miroir, miroir, mon beau miroir ?  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
Ma princesse devra l’accepter comme il est ! (Un silence)  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
L’important est qu’il soit bon et loyal. Le reste m’est complètement égal !  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
Ma princesse ne verrait donc aucun inconvénient à ce que son prince charmant ne soit point fortuné. 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
Penses-tu, miroir, miroir, que ses beaux yeux seront éblouis à la vue de mon collier en diamant ? 
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
A votre place, princesse, je cacherai mon collier afin qu’il ne soit pas soumis à la tentation.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune fille adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir à main qu’elle contemple 
Mais justement, miroir, miroir… justement ! Je veux que mon prince charmant me contemple avec !  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
Ma princesse est très belle également sans son collier de diamant. Ma princesse pourra parfaitement s’en passer. Ainsi, le bon prince charmant n’aura d’yeux que pour votre jeunesse éternelle !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
Miroir, miroir, mon beau miroir, peux-tu me dire quand vais-je le rencontrer ?  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
A l’heure qu’il est, il est en route pour la villa Garzoni ! Ma princesse va donc pouvoir gentiment le cueillir à domicile !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), qui porte un collier de diamants autour du cou, parle à son miroir  
Comment est-il physiquement?  
 
LE MIROIR (à main), s’adressant à la princesse 
Beau comme un ange et fort comme un menuisier ! Je suis persuadé que ma princesse va bien s’amuser avec lui.  
 
Soudain, quelqu’un frappe à la porte…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), dépose le miroir sur la table et s’écrie 
J’arrive ! J’arrive ! Une minute, je vous prie !  
 
Elle retire son collier de diamants du cou et s’enfuit dans la pièce à coté… 
 
PINOCCHIO (Pantin de bois au nez allongé), rentre dans la cuisine avec son panier d’olives sous le bras, une scie dans une main et dans l’autre une rose 
Bonsoir ! Bonsoir ! C’est moi, le menuisier !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), surgit sans son collier de diamants 
Voilà ! Voilà ! C’est pourquoi ? 
 
PINOCCHIO (Pantin de bois au nez allongé), son panier d’olives sous le bras, une scie dans une main et dans l’autre une rose 
Désolé pour le retard, princesse ! J’ai été retenu en chemin par deux mauvais garnements qui voulaient s’en prendre à ma scie… 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente) 
Je peux savoir qui tu es, petit, et ce que tu fais là ?  
 
PINOCCHIO (Pantin de bois au nez allongé), son panier d’olives sous le bras, une scie dans une main et dans l’autre une rose 
Je suis le nouveau menuisier du village ! La fée bleue m’envoie chez vous pour réparer le pied de table de la cuisine. (Il aperçoit la table avec le miroir à main qui repose dessus) Je présume qu’il s’agit de cette table.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente) 
Il doit y avoir une erreur !? Je n’ai jamais fait appel à un menuisier ces jours-ci.  
 
 
 
PINOCCHIO (Pantin de bois au nez allongé), sa scie dans une main et dans l’autre une rose, dépose son panier d’olives à côté de la table 
Vous permettez que j’y jette un coup d’œil, princesse ? (Il contemple les pieds de la table) Et donc, je dois scier les trois pieds de la table ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente) 
Cela ne va être possible… il se fait tard et j’aimerais aller me coucher… je vais te dédommager pour le déplacement… (Elle retourne rapidement dans la pièce à coté)  
 
LA FEE BLEUE, apparaît comme par enchantement avec sa baguette magique à la main 
Quelque chose ne va pas, Pinocchio ?  
 
PINOCCHIO (Pantin de bois au nez allongé), dépose la scie et la rose sur la table  
Je dois renoncer à ce travail, la princesse ne veut pas de moi chez elle. 
 
LA FEE BLEUE, sa baguette magique à la main 
Qu’est-ce qui te fait dire cela ?  
 
PINOCCHIO (Pantin de bois au nez allongé) 
Elle a fait une drôle de tête à mon arrivée ! Je crois bien que je lui fais peur à cause de mon grand nez.  
 
LA FEE BLEUE, sa baguette magique à la main 
Je vais remédier à cela immédiatement ! (Elle secoue sa baguette magique, ce qui a pour effet de rétrécir le nez de Pinocchio) Et maintenant, qu’en penses-tu ? N’es-tu pas plus beau sans ton grand nez, mon garçon ? 
 
PINOCCHIO (Pantin de bois) 
Cela sert à quoi d’avoir un beau nez si tout le reste est en bois ? 
 
LA FEE BLEUE, sa baguette magique à la main 
Qu’est-ce qui ne va pas encore, Pinocchio ? 
 
PINOCCHIO (Pantin de bois) 
Je ressemble toujours à une marionnette et personne ne voudra m’embaucher ! 
 
LA FEE BLEUE, sa baguette magique à la main 
Tu sais très bien que tu as été puni pour avoir eu un mauvais comportement en société. 
 
PINOCCHIO (Pantin de bois) 
Je te promets que je vais faire des efforts pour devenir plus acceptable.  
 
 
 
LA FEE BLEUE, sa baguette magique à la main 
Je veux bien faire un geste pour toi à condition que tu te conduises comme un vrai gentleman !  
 
PINOCCHIO (Pantin de bois) 
Tu vas me trouver des vêtements potables ? 
LA FEE BLEUE, sa baguette magique à la main 
Je vais faire mieux que ça, Pinocchio, je vais te rendre ta véritable apparence humaine. Attention, tout de même ! A la première fausse note de ta part, tu seras à nouveau puni !  
 
PINOCCHIO (Pantin de bois) 
Je serai sage comme une image. 
 
La fée secoue sa baguette magique qui transforme Pinocchio lequel est devenu un beau jeune homme vêtu d’un habit de lumière… 
 
La fée disparaît ensuite comme par magie…  
 
Pinocchio (jeune homme) quitte la cuisine dans son habit de lumière… 
 
Un nuage de fumée envahit les lieux…  
 
FIN DE LA SCENE 3  
 
-------------- 
 
ACTE 2 / SCENE 4  
 
Le nuage de fumée se dissipe… 
 
Quelques instants plus tard… toujours en soirée…  
 
L’action se déroule sur l’allée principale du parc de la villa Garzoni à Collodi éclairée par la lune pleine et où reposent de magnifiques statues de la mythologie grecque…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), surgit avec une lanterne à la main  
Tu comptes me faire courir toute la nuit dans les allées du parc, petit pantin de bois ? La plaisanterie a assez duré ! Prends ton argent et rentre chez toi ! Tu n’as plus rien à faire dans ma propriété. (Elle éclaire les alentours avec sa lanterne) Mais où est-il passée avec son grand nez ? (Elle réfléchit) Je dois prévenir le gardien. 
 
LE JEUNE HOMME (vêtu de son habit de lumière), surgit dans la pénombre de l’allée 
Quelque chose ne va pas, princesse Margherita ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sursaute, sa lanterne à la main 
Qui est là ? C’est toi, petit garçon ?  
 
LE JEUNE HOMME (vêtu de son habit de lumière), placé sous la pénombre 
Avez-vous toujours besoin d’un menuisier pour réparer le pied de la table ?  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), s’approche lentement du jeune homme avec sa lanterne 
La plaisanterie a assez duré ! Tu vas me faire le plaisir de quitter cet endroit immédiatement… (Elle éclaire le jeune homme avec sa lanterne lorsqu’elle arrive à sa hauteur, puis s’écrie) Mais vous n’êtes pas lui ! 
 
LE JEUNE HOMME (vêtu de son habit de lumière), éclairé par la lanterne, salue Margherita 
Enchanté, Mademoiselle Margherita ! Permettez-moi de me présenter : je m’appelle Carlo. Je suis le nouveau menuisier du village. Je remplace mon père Geppeto qui est très malade…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), l’éclaire avec sa lanterne, se parlant à elle-même  
Ce qui veut dire que le pantin de bois était un usurpateur. (Elle réfléchit) Je me demande ce que ce petit garnement est venu faire dans ma demeure ? (Un temps) Il n’avait pas l’air très à l’aise. 
 
Soudain, l’on entend un coup de feu qui semble provenir de la villa, suivi de cris dans la nuit…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), fait tomber sa lanterne 
Que se passe-t-il, enfin ?  
 
UN CARABINIER, surgit dans l’allée en courant, un fusil à la main 
Je finirai bien par t’attraper, bandit ! (Il court dans tous les sens) Les grilles du parc sont fermées, tu ne vas pouvoir allé bien loin ! Montre-toi ! (Il s’arrête à hauteur de la princesse) Rien à signaler, Princesse ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), légèrement éclairée par un lampadaire 
Que se passe-t-il, carabinier ?... après qui courez-vous ?... et d’où provenait ce coup de feu ? 
 
UN CARABINIER, un fusil à la main, essoufflé 
Je viens de faire feu sur un voleur qui s’était introduit dans votre chambre.  
 
LE JEUNE HOMME (vêtu de son habit de lumière), s’en va 
Je crois bien que je vous dérange. Je repasserai une autre fois. Bonne nuit, madame ! 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), légèrement éclairée par un lampadaire 
Dans ma chambre, dites-vous ? 
 
UN CARABINIER, un fusil à la main 
Affirmatif ! (Il reprend son souffle) Tout a commencé en début de soirée lorsque le gardien me signala la présence de deux vilaines bêtes qui rôdaient dans le parc et qui n’avaient franchement pas l’air très commodes… le gardien doutait des bonnes intentions de ces derniers… il suspectait quelque chose… je me suis mis aussitôt à leur recherche… au bout de trois quart d’heure, je surpris l’un d’eux qui escaladait le balcon de votre chambre…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), légèrement éclairée par un lampadaire 
S’agissait-il d’un petit garçon haut comme trois pommes ? 
 
UN CARABINIER, un fusil à la main 
Je n’ai pas eu le temps de le voir, il s’est enfui rapidement dans les buissons. Tout ce que je sais, c’est qu’il a réussi à dérober un objet de valeur dans votre coffre à bijoux. (Il sort de sa poche un diamant) En voici d’ailleurs la preuve ! 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), se saisit du diamant qu’elle contemple 
Il a volé mon collier ! Mon dieu ! Que vais-je devenir sans lui ? (Elle range le diamant dans une poche) 
 
UN CARABINIER, un fusil à la main 
Mais dites-moi, princesse, qui est le jeune homme qui vient de partir à l’instant ? Vous le connaissez ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), ramasse sa lanterne  
Je viens tout juste de faire sa connaissance. Je crois bien qu’il est menuisier !?  
 
UN CARABINIER, un fusil à la main, quitte rapidement les lieux 
C’est son complice, j’en suis sûr ! Je pars à sa poursuite. 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Vous ne pouvez pas me laisser seule, c’est beaucoup trop dangereux pour moi. 
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées), apparaît dans son dos en grattant une allumette 
Ma princesse cherche du feu ?  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sursaute, sa lanterne à la main 
Qu’est-ce que c’est ? (Un temps) Magicien ! Vous pourriez prévenir les gens lorsque vous arrivez à l’improviste. 
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées), allume la lanterne avec son allumette 
Il y a du nouveau, parait-il ?!  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Quelqu’un s’est infiltré dans ma chambre pour me dérober mon collier de diamants. Je soupçonne le petit pantin d’en être l’auteur !?  
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées) 
Je faisais allusion au jeune Carlo. Comment le trouvez-vous, princesse ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Monsieur le magicien sans nom ne pense-t-il pas qu’il faudrait mieux que je règle d’abord mon petit souci avant de conter fleurette ?  
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées) 
Le jeune homme vient de se faire attraper par le carabinier, Princesse. 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Tant mieux ! 
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées) 
Ne vous réjouissez pas trop vite, princesse ! Le jeune Carlo n’est pas responsable du vol du collier, pas plus qu’il est le complice du voleur.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
En êtes-vous certain ?  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Hélas, il va falloir chercher ailleurs. Quant au jeune homme, celui-ci risque d’être pendu pour un acte qu’il n’a pas commis !? C’est triste, n’est-ce pas ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Je vais dire au carabinier que je connais l’auteur du crime.  
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées), la retient par le bras 
Vous n’en ferez rien, princesse ! (un temps) Les choses ne sont pas aussi simples que cela. En vertu de la loi, le jeune Carlo n’avait rien à faire dans votre propriété privée à cette heure-ci. Il sera considéré par la justice comme l’un des principaux suspects et sera enfermé au cachot pour le restant de ses jours.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main 
Mais c’est affreux ! Que pouvons-nous nous faire ? 
 
LE MAGICIEN SANS NOM (papillon noir à tâches dorées) 
Votre Majesté ne manque pas d’imagination, n’est-ce pas. Au plaisir… 
 
Le magicien disparait du lieu comme par magie… 
 
LE JEUNE HOMME (vêtu de son habit de lumière), surgit dans l’allée en courant les menottes aux poignets 
Sauve qui peut ! Le carabinier veut me mettre en prison ! (Il s’agenouille devant la princesse) Pitié, princesse ! Je vous jure que je n’ai pas volé vos bijoux !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), lui éclaire le visage avec sa lanterne  
Le magicien ne m’avait pas menti, tu as réellement un visage d’ange !  
 
Tous deux se regardent dans les yeux longuement sans dire un mot… 
 
C’est alors qu’un coup de feu retentit… 
 
LE CARABINIER, tire des coups de feu dans l’allée 
Je sais où ton père habite, Carlo ! Tu ne perds rien pour attendre ! On finira bien par te pendre !  
 
Soudain, une colombe d’or apparait au-dessus de Carlo (agenouillé) et de la princesse Margherita…  
 
LA COLOMBE D’OR, bat des ailes 
Tu ferais bien de te relever, Carlo, si tu ne tiens pas à finir accroché à l’une de ces branches ! (Elle se pose sur le sol) Le temps presse ! Grimpe sur mon dos !  
 
CARLO, se relève 
Heu… c’est-à-dire que… 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main, s’écrit 
Merci infiniment, magicien ! (Elle entraîne Carlo par la main) Allons-y, bon prince !  
 
CARLO 
Où allons-nous ? 
LA COLOMBE D’OR, bat des ailes 
Dans la forêt du charmeur de lucioles ! 
 
CARLO 
Qu’allons-nous faire là-bas, ma colombe !? 
 
LA COLOMBE D’OR, bat des ailes 
C’est là où se trouve le collier de la princesse Margherita. Allez, allez ! Ne perdons pas de temps ! 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (jeune adolescente), sa lanterne à la main, s’écrit 
Dans ce cas, je vous accompagne. J’ai un compte à régler avec quelqu’un.  
 
Carlo aide la princesse à grimper sur le dos de la colombe d’or, puis grimpe à son tour… 
 
La colombe d’or s’envole rapidement avec Carlo et la princesse Margherita dans le ciel étoilé… 
 
Un nuage de fumée envahit les lieux… 
 
 
FIN DE LA SCENE 4  
 
-----------  
 
ACTE 2 / SCENE 5 
 
Le nuage se dissipe… 
 
Quelques instants plus tard…  
 
Dans la nuit… 
 
L’action se déroule dans « la forêt du hibou charmeur de lucioles » au sein de laquelle se trouvent des hêtres, des érables, des tilleuls, des frênes et des châtaigniers.  
 
Le gros chat et le renard sont endormis au pied d’un arbre…  
 
Un hibou est placé sur une branche, son cri raisonne dans la forêt… 
 
Une biche mange les feuilles des arbres… 
 
Des lucioles (insectes volant lumineux) apparaissent dans l’obscurité et tournent autour du renard endormi qu’il dérange… de temps à autre, le renard les repousse avec une main…  
 
CARLO (Le jeune homme), surgit, une lanterne dans une main et un bâton de berger dans l’autre  
Debout, vilaines bêtes ! Il est l’heure de rendre des comptes ! 
 
LE GROS CHAT, endormi au pied de l’arbre 
Tu as reçu de la visite, Maître Renard. 
 
LE RENARD, endormi au pied de l’arbre 
Je crois plutôt que c’est pour toi. 
 
LE GROS CHAT, endormi au pied de l’arbre 
Non, non, c’est pour toi. 
 
LE RENARD, endormi au pied de l’arbre 
Dis-lui de repasser une autre fois. 
 
CARLO (Le jeune homme), dépose sa lanterne au pied de l’arbre et frappe légèrement le renard avec le bout de son bâton de berger 
Rends le collier en diamants que tu as volé, Maître Renard ! Sans quoi… 
 
LE RENARD, endormi au pied de l’arbre 
Sans quoi tu préviens le carabinier qui me mettra au cachot illico presto ! 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, lève la tête, place les bras sous la tête et croise les jambes 
J’ai déjà entendu ça quelque part !? 
 
LE RENARD, fait un bond sur ses deux pattes 
Moi aussi, gros chaton ! (Il s’adresse à Carlo) Il est tard, jeune homme ! Que puis-je faire pour toi ? 
 
CARLO (Le jeune homme), appuyé sur son bâton de berger  
Je viens récupérer le collier de la princesse Margherita. 
 
LE RENARD, éclate de rire 
Repasse demain matin, je verrai ce que je peux faire de toi. 
 
CARLO (Le jeune homme), secoue son bâton de berger  
Je n’ai pas l’intention de m’attarder ici, j’ai une table en bois à réparer. 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Il lui manque deux pieds ! Maître renard et moi sommes au courant. 
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main 
Un seul pied ! 
 
LE RENARD 
Je vois que tu es bien renseigné sur la cuisine de la princesse, jeune homme. 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Je me demande, Maître renard, si ce n’est pas lui qui a commis un vol à la villa Garzoni la nuit dernière ? 
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main 
Qu’est-ce que vous racontez ? Je n’ai rien volé, moi ! 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Nous non plus ! 
 
LE RENARD 
Je crois bien que Lucignolo était son complice, gros chaton ?! 
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main 
Le vendeur de rose n’a rien à voir dans cette histoire. 
 
LE RENARD, sort un collier de diamants de sa poche 
Je parie que c’est ce collier que tu cherches.  
 
CARLO (Le jeune homme), le menace avec son bâton de berger  
J’étais sûr que c’était toi le voleur ! Tu as intérêt de le rendre à la princesse… 
 
LE RENARD, le collier à la main, grimpe rapidement sur l’arbre 
Viens le chercher !  
 
Le hibou s’envole… 
 
CARLO (Le jeune homme), placé sous l’arbre, le menace avec son bâton de berger  
Ce n’est pas du jeu, ça ! Descends de l’arbre !  
 
LE RENARD, se déplace d’une branche à l’autre en secouant le collier 
Mais qui t’a parlé de jeu ? Vois-tu, jeune homme… dans le monde des vilaines bêtes, c’est un peu chacun pour soi !  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Celui qui a le malheur de croiser la route de Maître renard n’est pas au bout de sa peine.  
 
LE RENARD, s’assoit sur une branche, le collier à la main 
Dans cette forêt, personne ne viendra pour te défendre.  
 
CARLO (Le jeune homme), placé sous l’arbre, le menace avec son bâton de berger  
Je dirai au carabinier que c’est toi qui a volé le collier et il te mettra au cachot. 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Personne ne te croira, jeune homme. 
 
LE RENARD, se déplace d’une branche à l’autre en secouant le collier 
Tu vas être obligé de capituler.  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Tu n’as pas trop le choix. 
 
CARLO (Le jeune homme), placé sous l’arbre, repose son bâton 
Que dois-je faire pour récupérer le collier ? 
 
LE RENARD, se passe le collier autour du cou et s’assoit sur une branche  
Tu vas rester ici. De mon côté, j’irai rendre visite à la propriétaire du collier…  
 
CARLO (Le jeune homme), placé sous l’arbre, repose son bâton 
Ce n’est pas la peine d’aller chez elle puisqu’elle sera là dans cinq minutes. Je peux vous dire qu’elle est très en colère. 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Quelle bonne nouvelle !  
 
LE RENARD, le collier autour du cou, assis sur une branche  
Dis-moi, gros chaton… si je rends le collier à la princesse Margherita, penses-tu qu’on obtiendra une bonne récompense ? 
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main 
Tu n’as pas le droit de faire ça !  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Tu as fait de la peine à notre jeune ami, Maître renard ! Ce n’est pas bien du tout mais alors pas bien du tout ! 
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main, hurle 
Ce n’est pas juste !  
 
LE RENARD, le collier autour du cou, assis sur une branche 
Silence, jeune homme ! Les murs ont des oreilles !  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Le carabinier va finir par t’attraper si tu continues à lever la voix. 
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main 
Et pour quelle raison ? Je n’ai rien fait, moi !  
 
LE RENARD, le collier autour du cou, assis sur une branche 
Vilain garçon ! Tu crois qu’on ne t’a pas vu t’enfuir du balcon avec le collier de la princesse.  
 
CARLO (Le jeune homme), son bâton de berger à la main 
Je suis innocent ! 
 
LE RENARD, se déplace jusqu’à la cime de l’arbre avec le collier autour du cou 
Tu acceptes notre marché et nous te rendons ta liberté.  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées 
On vend le collier et on se partage la somme à part égal.  
 
LE RENARD, placé à la cime de l’arbre avec le collier autour du cou 
Avec un seul diamant, tu pourrais t’acheter une énorme maison.  
 
CARLO (Le jeune homme), le bâton de berger à la main 
Je refuse. 
 
LE RENARD, placé à la cime de l’arbre, secoue le collier qu’il porte autour du cou 
Quel est le cadeau qui te ferait le plus plaisir au monde, jeune homme ?  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Je t’imaginerais bien avec une grande entreprise de menuiserie. Rends-toi compte, tu serais le seul chef à bord de ton atelier. Ce serait merveilleux, n’est-ce pas ? 
 
LE RENARD, placé à la cime de l’arbre, secoue le collier qu’il porte autour du cou 
Tu pourrais t’offrir une grande baignoire en porcelaine de chine.  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Une baignoire avec des roulettes qui te baladerait d’une pièce à l’autre au son d’un stradivarius de Crémone. 
 
CARLO (Le jeune homme), le bâton de berger à la main 
Je pourrais m’offrir une scie en or ? 
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Bien sûr ! 
 
CARLO (Le jeune homme), le bâton de berger à la main 
Je pourrai recouvrir le sol de ma maison avec du marbre de Carrare ?  
 
LE GROS CHAT, toujours allongé, les bras sous la tête et les jambes croisées  
Mais oui ! 
 
LE RENARD, placé à la cime de l’arbre, secoue le collier qu’il porte autour du cou 
Avec un diamant, tu pourras aussi t’offrir des robinets en or.  
 
CARLO (Le jeune homme), se transforme soudainement en pantin en bois (Pinocchio) sous les yeux du renard et du gros chat qui explose rire 
Tout ça avec un diamant ? C’est vraiment merveilleux ! 
 
Soudain, on entend la voix de la princesse qui raisonne au loin…  
 
LA VOIX DE LA PRINCESSE MARGHERITA  
Montre-toi, petit malin ! Je sais que tu es là ?  
 
Le gros chat grimpe rapidement sur l’arbre au pied duquel se tient la lanterne…  
 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
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ACTE 2 / SCENE 6 
 
L’action se déroule toujours dans la forêt… 
 
Le gros chat et le renard sont assis sur la plus haute branche de l’arbre… 
 
Pinocchio (Le nez allongé) se tient à côté de l’arbre la lanterne à la main…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, s’approche de Pinocchio qui fait tomber son bâton de berger  
Enfin, j’ai fini par te retrouver, Pinocchio !  
 
PINOCCHIO (Le nez allongé), la lanterne dans une main, sort une rose de sa poche qu’il tend à la princesse 
Vous tombez bien, princesse, j’ai une rose pour vous !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, soulève Pinocchio du sol 
Petit chenapan ! Tu sais parfaitement ce qui m’amène ici.  
 
PINOCCHIO (Le nez allongé), la lanterne dans une main, une rose à la main, soulevé du sol par la princesse 
Je vous promets de réparer le pied de la table ! 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, soulève Pinocchio du sol 
Cesse de me prendre pour une gourde, Pinocchio, et rends-moi mon collier en diamants! 
 
PINOCCHIO (Le nez allongé), la lanterne dans une main, une rose à la main, soulevé du sol par la princesse 
Quel collier ? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, soulève Pinocchio du sol 
Ne fais pas l’innocent ! Tout le monde t’a vu t’enfuir par le balcon de ma chambre. 
 
PINOCCHIO (Le nez allongé), la lanterne dans une main, une rose à la main, soulevé du sol par la princesse 
Tout à l’heure, j’ai aperçu un grand renard qui portait un collier autour du cou. Je crois bien qu’il s’agit du vôtre, princesse !? Je dis la vérité ! 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, soulève Pinocchio du sol 
Où est-il ? 
 
LE RENARD, assis sur la branche, le collier autour du cou, fait un signe à la princesse 
Ohé, princesse ! Je suis là !  
 
LE GROS CHAT, placé sur la même branche, fait également un signe à la princesse 
Maître renard « sur un arbre perché » et moi-même sommes très enchantés de faire votre connaissance, princesse Margherita !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, dépose Pinocchio sur le sol et lève la tête 
Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? 
 
LE RENARD, assis sur la branche 
Nous sommes les plus vieux amis de Pinocchio.  
 
LE GROS CHAT, assis sur la branche 
Le pauvre pantin a eu la malchance de tomber sur Maître renard.  
 
LE RENARD, assis sur la branche, retire son collier 
Je vous attendais avec impatience, princesse Margherita, afin de vous remettre le collier que vous a dérobé ce petit voleur.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, tire l’oreille de Pinocchio  
Vilain garçon !  
 
PINOCCHIO (Le nez allongé), la lanterne dans une main et une rose dans l’autre main 
Je vous jure que je n’ai rien fait.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, lui tire l’oreille  
Je t’interdis de jurer, tête de bois ! (Puis elle lui lâche l’oreille) Ne bouge pas d’ici, je reviens. Et que je n’entende plus le son de ta voix, tu m’entends ? (Elle ramasse le bâton et s’approche de l’arbre)  
 
Le nez de Pinocchio s’allonge… 
 
Le hibou réapparait et se pose sur le nez de Pinocchio… 
 
Le hibou pousse un cri, ce qui a pour effet de faire apparaître des lucioles (insectes volants lumineux) qui volent autour de Pinocchio lequel est hypnotisé… 
 
Le renard et le gros chat sont toujours placés sur la branche de l’arbre…  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, le bâton à la main  
Ces messieurs veulent sans doute négocier le collier contre quelques pièces d’or !? 
 
LE RENARD, assis sur la branche, le collier à la main 
Votre perspicacité ne vous trompe pas, princesse.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA, remue le bâton au-dessus de sa tête qui se transforme en ombrelle  
Je vole jusqu’à vous, messieurs ! 
 
La princesse ouvre l’ombrelle qui la soulève aussitôt dans les airs à hauteur du renard et du gros chat assis sur la branche la plus haute… 
 
 
LE RENARD, (debout sur la branche), lui fait le baisemain 
Mes hommages, princesse !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (dans les airs), à hauteur du renard, l’ombrelle à la main 
Maître renard « sur un arbre perché ! » C’est plutôt inhabituel ?! 
 
LE RENARD, (debout sur la branche) 
Bien que je ne possède pas de plumages, j’aime grimper sur les arbres. Et surtout lorsqu’arrive le printemps !  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (dans les airs), à hauteur du renard, l’ombrelle à la main 
Nous avons un point commun ! C’est justement ma saison préférée ! 
 
LE GROS CHAT, (debout sur la branche) 
Je doute fort que vous ayez les mêmes loisirs que Maître renard !? 
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (dans les airs), à hauteur du renard, l’ombrelle à la main 
Bien au contraire. Tout comme Maître renard, j’aime flâner le long de la rivière.  
 
LE RENARD, (debout sur la branche) 
C’est l’endroit idéal pour y fourrer mon naseau.  
 
LE GROS CHAT, (debout sur la branche) 
Maître renard chasse la belette.  
 
LE RENARD, (debout sur la branche) 
Un passe-temps comme un autre.  
 
LA PRINCESSE MARGHERITA (dans les airs), à hauteur du renard, l’ombrelle à la main 
Au printemps, j’aime contempler les arbres fleuris. C’est votre cas aussi, Maître renard? 
 
LE RENARD, (debout sur la branche) 
L’endroit idéal pour y faire de bons festins.  
 
LE GROS CHAT, (debout sur la branche) 
Maître renard chasse les œufs dans les nids des oiseaux.  
 
LE RENARD, (debout sur la branche) 
Un pur régal !  
 
 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
-------------- 
 
ACTE 2 / SCENE 7 
 
Pendant ce temps-là… 
 
Pinocchio (hypnotisé par les lucioles) est resté en bas de l’arbre avec le hibou sur son nez…  
 
LE HIBOU, prend l’apparence de la « fée bleue » avec une baguette magique à la main, ce qui a pour effet de faire fuir les lucioles 
J’ai appris que monsieur Pinocchio était accusé du vol du collier de la princesse Margherita. 
 
PINOCCHIO, avec la fée bleue sur le nez 
Mais je n’ai rien volé du tout, fée bleue !  
 
LE HIBOU (Sous l’apparence de la fée bleue), se promène sur le nez de Pinocchio avec sa baguette magique 
Tu n’es pas sorti d’affaire, mon garçon. 
 
PINOCCHIO, avec la fée bleue sur le nez 
Je compte sur toi pour m’aider. Tu attends quoi pour me redonner mon adolescence ? J’en ai assez de jouer au gamin à longueur de temps. Aujourd’hui, j’aspire à une vie plus paisible. 
 
LE HIBOU (Sous l’apparence de la fée bleue), se promène sur le nez de Pinocchio avec sa baguette magique 
Certainement pas, Pinocchio ! Tu n’as pas rempli ta mission jusqu’au bout.  
 
PINOCCHIO, avec la fée bleue sur le nez 
Ces temps-ci, j’ai fait des efforts considérables, fée bleue.  
 
LE HIBOU (Sous l’apparence de la fée bleue), se promène sur le nez de Pinocchio avec sa baguette magique 
Tu t’es surtout mis dans un sale pétrin. 
 
PINOCCHIO, avec la fée bleue sur le nez 
Tu sais bien que je suis un garçon honnête et sérieux. 
 
LE HIBOU (Sous l’apparence de la fée bleue), se promène sur le nez de Pinocchio avec sa baguette magique 
Prouve-le ! 
 
PINOCCHIO, avec la fée bleue sur le nez 
Je ne fais que ça du matin au soir. Mais personne ne veut me croire. 
 
LE HIBOU (Sous l’apparence de la fée bleue), se promène sur le nez de Pinocchio avec sa baguette magique 
Le problème persiste pour autant. Je pense que tu ne fais pas assez d’efforts.  
 
PINOCCHIO, avec la fée bleue sur le nez 
Je n’en peux plus de ce long nez, tu veux bien le rétrécir avec ta baguette magique.  
 
LE HIBOU (Sous l’apparence de la fée bleue), secoue sa baguette magique, ce qui a pour effet de réduire le nez de Pinocchio 
Seulement le nez ! Pour le reste, il faut encore attendre, tu n’es pas encore prêt. Tu retrouveras ton corps en chair et en os le jour où tu auras rempli convenablement ta mission et seulement ce jour-là, m’entends-tu ? (Puis elle s’envole)  
 
LA BICHE, arrivé un peu plus tôt, lèche une oreille de Pinocchio  
Quelque chose ne va pas, petit chou ?  
 
PINOCCHIO, avec un petit nez 
Si tu savais, ma biche… si tu savais… 
 
LA BICHE 
Tu peux tout me raconter, petit chou ! 
 
PINOCCHIO, avec un petit nez 
J’ai rencontré deux vilaines bêtes qui n’ont pas été très gentils avec moi.  
 
LA BICHE 
Tu veux parler du renard et du gros chat qui sont assis sur la branche ? Eh bien, figure-toi que je les connais très bien. L’an passé, ils ont dévasté mon terrain de jeu sur lequel poussaient des trèfles à quatre feuilles. Moi aussi, je m’en méfie comme la peste. 
 
A ce moment-là, le gros chat arrache l’ombrelle de la princesse… 
 
Le gros chat s’envole ensuite avec le renard pendu à son cou le collier à la main… 
 
La princesse fait une chute vertigineuse…  
 
LA BICHE 
Vite ! Grimpe sur mon dos, petit chou ! On va les rattraper à la sortie de la forêt.  
 
Pinocchio grimpe sur le dos de la biche qui s’enfuit rapidement dans la forêt… 
 
La princesse Margherita est allongée au pied de l’arbre…  
 
LA COLOMBE D’OR, se pose à côté de la princesse et l’aide à se relever 
Relevez-vous, princesse ! Nous ne sommes plus très loin du but. 
 
La princesse Margherita grimpe sur le dos de la colombe qui s’envole aussitôt…  
 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
 
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ACTE 2 / SCENE 8 
 
A présent, l’action se déroule sur la mer méditerranée entre les côtes de la Toscane et l’île d’Elbe en milieu d’après-midi…  
 
Le gros chat (à la rame) et le renard (collier en diamant dans une main) se déplacent en barque sur la mer en direction de l’île d’Elbe…  
 
Le temps est calme… 
 
Des mouettes volent en raz-motte à côté de la barque…  
 
La Salamandre (magnifique goélette) a jeté l’ancre près des côtes de Toscane toutes voiles gonflées sur le mât de laquelle se tient Emilio le baladin (masque bleu et cape bleue à tâches dorées), qui tient une longue vue à bout de bras dirigée dans la direction de la barque… 
 
LE GROS CHAT, qui rame 
Une chance pour nous que la mer est calme, Maître renard !  
 
LE RENARD, qui contemple le collier sous une ombrelle  
Nous arriverons sur l’île d’Elbe avant le coucher du soleil, gros chat ! 
 
LE GROS CHAT, qui rame 
Tu es certain que Diaz le pirate sera sur l’île ? 
 
LE RENARD, qui contemple le collier sous une ombrelle 
Son cuisinier m’a assuré qu’il sera au rendez-vous. 
 
LE GROS CHAT, qui rame 
Pense-tu vraiment qu’il va te racheter le collier ? 
 
LE RENARD, qui contemple le collier sous une ombrelle 
Mais oui ! Et même que je vais en tirer un bon prix ! Avec tout cet argent, on va pouvoir aller en Amérique !  
 
LE GROS CHAT, qui rame 
Je compte m’acheter une belle automobile à New York. 
 
LE RENARD, qui contemple le collier sous une ombrelle 
Et moi, une vaste demeure coloniale avec un grand parc où j’y planterai des arbres pour y faire la chasse aux nids d’oiseaux.  
 
LE GROS CHAT, qui rame 
J’ouvrirai une boutique de chaussures en peau de crocodiles. 
 
LE RENARD, qui contemple le collier sous une ombrelle 
Et moi, une crêperie !  
 
Au même instant, une énorme baleine surgit avec Pinocchio et la princesse Margherita sur son dos…  
 
LE GROS CHAT, qui rame 
A nous l’Amérique !  
 
LE RENARD, baisse l’ombrelle et lève la tête, son collier à la main 
Le vent se lève, dirait-on !? Tu ne sens rien, gros chat ? 
 
LE GROS CHAT, qui rame 
La barque penche un peu, en effet ! 
 
La baleine (avec Pinocchio et la princesse Margherita sur son dos) ouvre grand la bouche…  
 
LE RENARD, range le collier dans sa poche et s’abrite sous l’ombrelle 
Nous ne sommes pas à l’abri d’une averse. Il va falloir ramer un peu plus, gros chat.  
 
La barque penche un peu plus…  
 
LE GROS CHAT, cesse de ramer 
Je n’en peux plus ! 
 
LE RENARD, range son collier et s’abrite à nouveau sous l’ombrelle 
Ne t’arrête pas de ramer, voyons !  
 
LE GROS CHAT, lève les bras 
J’ai choppé une crampe.  
 
LE RENARD, range son collier et s’abrite à nouveau sous l’ombrelle 
Nous sommes à deux doigts du but.  
 
LE GROS CHAT, lève les bras 
Remplace-moi ! 
 
La baleine (avec Pinocchio et la princesse Margherita sur son dos) la bouche grande ouverte, dévore la barque…  
 
Pinocchio tombe à l’eau et s’accroche à la queue de la baleine... 
 
FIN DE LA SCENE 8  
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
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EPILOGUE (Scène muette)  
 
La baleine (avec la princesse sur son dos) s’approche des côtes avec Pinocchio qui s’est accroché à sa queue…  
 
Les mouettes suivent la baleine… 
 
Arrivée devant un petit port, la baleine ouvre la bouche et déplie sa langue rose (un long tapis) jusque sur le quai… 
 
Un vieil homme (grande barbe blanche), placé derrière son chevalet, peint la scène… 
 
Le renard et le gros chat menottés sortent de la bouche de la baleine, entraînés par le carabinier qui les tient en joug avec un fusil… 
 
Une licorne apparaît sur le quai du port en tirant un carrosse aux commandes duquel se tient la colombe d’or… 
 
Le gros chat et le renard menottés se déplacent sur le tapis rose jusqu’à quai, le carabinier les tenant en joug avec son fusil… 
 
Une fois le renard, le gros chat et le carabinier arrivés à quai, la baleine rentre sa langue…  
 
La colombe descend du carrosse, se dirige vers le renard en lui présentant la paume de sa main…  
 
Le renard sort le collier de sa poche qu’il dépose sur la main de la colombe d’or… 
 
Le carabinier quitte les lieux en entraînant avec lui le renard et le gros chat menottés… 
 
Puis la colombe vole à hauteur de la princesse Margherita placée sur le dos de la baleine et lui remet le collier… 
 
La princesse grimpe sur le dos de la colombe qui la dépose sur le quai… 
 
Entre temps, Pinocchio (qui est arrivé à la nage) a pris l’apparence du jeune homme (Carlo)… 
 
Carlo (jeune homme) se dirige vers la princesse Margherita et l’aide à grimper dans le carrosse d’or, puis grimpe à son tour… 
 
Le carrosse quitte le quai tiré par la licorne avec à son bord le jeune Carlo qui prend la jeune princesse par l’épaule et l’embrasse… 
 
Le départ du carrosse est salué par la colombe d’or… 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
FIN DE L’EPISODE 73 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

(c) emilien casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 14.09.2019
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