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Les merveilleux voyages -PARTIE 2 
 
 
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EPISODE 75. LE SECRET DE L'OLIVIER

 
 
 
l'épisode 75 est extrait de l'épisode « Le secret de l'olivier » tiré de la série intégrale qui a pour titre : « Les Merveilleux voyages de Roberto et Miss Maryl » (Episode illustré)- Cliquez sur le lien pour découvrir les illustrations 
 
 
S'agissant également de l'épisode 29 « SOUVENIR DU MARCHE DE BUCINE » issu de la série intégrale 4 qui a pour titre " Roberto et le miraculeux voyage de l'Amour" comprenant 99 épisodes. Cliquez sur le lien pour découvrir l'épisode 29 «  
 
 
 
TITRE: Les Merveilleux voyages de Roberto et Miss Maryl 
 
Dans : 
 
« Le Secret de l’olivier » 
75ième épisode 
 
 
 
EPISODE 75 : « Le secret de l’olivier » (2012) (Pièce illustrée)  
 
 
S'agissant également de l'épisode 29 « SOUVENIR DU MARCHE DE BUCINE » issu de la série intégrale 4 qui a pour titre " Roberto et le miraculeux voyage de l'Amour" comprenant 99 épisodes.  
 
L’épisode 75 « Le secret de l’olivier » a été également découpé en 2 parties, à savoir les épisodes 26 (Acte 1) et 27 (Acte 2) issus de la série intégrale 4 (Part 2) qui a pour titre « Roberto et le miraculeux voyage de l’Amour » comportant 99 épisodes. 
 
Les épisodes 67 à 78 (Tome 14) sont extraits de la série intégrale 3 « Les Merveilleux Voyages de Roberto et Miss Maryl » comprenant 95 épisodes. 
 
La pièce intégrale « le secret de l’olivier » (Episode 5 – série 14) qui comprend les épisodes 26, 27, 28, 29, 30 et 31 sont issus de la mini-série théâtrale « LE CLUB DES COMPAGNONS BALLADINS » qui regroupe 8 pièces de théâtre écrites entre 2011 et 2012  
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) 
AUTEUR : Emilien CASALI - Email : casali-emilien1@orange.fr 
http://emiliencasali.populus.ch/ - http://compballadins.populus.ch/ 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
PROLOGUE 
 
De nos jours… par un temps gris… 
 
L’action se déroule sur une falaise de la côte Toscane (Italie) avec vue splendide sur la mer Méditerranéenne qui est très agitée… 
 
Une vieille femme s’avance sur un chemin, un châle lui recouvrant la tête… 
 
La colombe plane au-dessus d’elle… 
 
LA COLOMBE, vole à hauteur de la vieille femme 
De retour en Toscane, Julietta ? 
 
JULIETTA, châle sur la tête, s’avance sur le chemin 
En effet, je reviens sur les traces de mon enfance après plus d’un demi-siècle d’absence. 
 
LA COLOMBE, vole à hauteur de la vieille femme 
Comme tu peux voir, rien n’a changé par ici.  
 
JULIETTA, s’arrête un instant 
Cet endroit m’a beaucoup manqué, jolie colombe, il me rappelle mes jours heureux. 
 
LA COLOMBE, vole à hauteur de la vieille femme 
Te souviens-tu, Julietta, du temps où tu venais te promener des journées entières en compagnie du berger qui souriait aux étoiles? 
 
JULIETTA 
Je n’ai rien oublié de ces instants merveilleux. Je m’en souviens comme si c’était hier. 
 
LA COLOMBE, vole à hauteur de la vieille femme 
Tu es partie en Amérique beaucoup trop vite !  
 
JULIETTA, châle sur la tête, s’avance sur le chemin 
Tu sais, je n’avais pas vraiment le choix… ma tante de Californie était très malade, celle-ci réclamait ma présence à son chevet avec insistance. Mon père lui fit alors la promesse qu’il m’enverrait là-bas.  
 
LA COLOMBE, vole à hauteur de la vieille femme 
Ton départ a fait de la peine à ton amoureux, lui qui aurait tellement aimé que tu restes avec lui pour toujours. Et dire qu’il s’apprêtait à te demander en mariage ! 
 
JULIETTA, s’arrête un instant 
Mon petit berger n’était pas certain de rester en Italie ?! A l’époque, il envisageait de rejoindre ses deux sœurs dans l’est de la France. Sa maman était mourante, plus rien ne le retenait en Toscane.  
 
LA COLOMBE, se pose sur son épaule 
Si, il y avait toi ! 
 
JULIETTA, la colombe sur l’épaule 
Je ne pouvais pas revenir en arrière… mon père avait déjà fait tout le nécessaire pour mon départ aux USA… 
 
LA COLOMBE, sur l’épaule de Julietta 
Ton amour de jeunesse en a grandement pâti.  
 
JULIETTA, la colombe sur l’épaule 
Je devais respecter la promesse de mon père. (Elle s’avance sur le chemin) Et puis d’abord, qui me dit que cet amour de jeunesse aurait duré au-delà d’un été ? 
 
LA COLOMBE, s’envole 
Hélas, l’histoire ne nous le dira jamais.  
 
Julietta poursuit sa promenade sur le chemin… 
 
Un nuage de fumée envahit les lieux rapidement… 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 1 
 
Le nuage de fumée se dissipe rapidement… 
 
L’action se déroule en des temps reculés sur la place du marché de Bucine, un joli village toscan situé dans le Val d'Ambra entouré par de montagnes... 
 
Nous sommes au début du mois de mars… 
 
LA PETITE FILLE (chapeau noir sur la tête), placée à gauche de la scène, lit un livre à voix haute 
« Les évènements qui vont suivre sous vos yeux se sont déroulés au milieu du vingtième siècle. Ce soir-là, au beau milieu du mois de mars, les Compagnons Balladins donnaient une représentation sur la place du marché de Bucine en présence du Maire et de ces concitoyens. Tous les habitants des collines alentours s’étaient déplacés en masse pour assister au spectacle. Quelle soirée merveilleuse ! Les grands comme les petits s’unissaient à nouveau afin de savourer des moments de joie et d’amitié. Quelle chance aussi de pouvoir célébrer la venue du printemps sous un ciel étoilé qui annonçait des lendemains qui chantent… 
 
Chaque retrouvaille dans une vie devrait être considérée comme un moment précieux de l’existence que chaque citoyen de ce monde ne devrait manquer sous aucun prétexte, s’agissant d’instants uniques qui réconcilient les hommes et les femmes quand ce ne sont pas les paradoxes. Une fois les vieux jours arrivés, ce doux parfum de fraternité réconfortera la mémoire de chacun.  
 
La place était éclairée par des torches à la demande expresse du régisseur de la troupe. Etant donné que l’action de la pièce se déroulait en 1509, le régisseur souhaitait que le célèbre village toscan retrouve son atmosphère lumineuse d’autrefois, semblable à celle de la Renaissance, à une époque où régnait paix et prospérité dans toute la région. Néanmoins, ce caprice agaçait Monsieur le Maire qui aurait préféré les lampadaires électriques. Mais enfin, ce n’est pas tous les jours que l’on recevait au village des saltimbanques aux coutumes d’autrefois qui souhaitaient par-dessus tout donner un peu de joie et d’espoir à des habitants qui avaient été frappés par le drame de la guerre quelques années plus tôt. Les torches éclairaient la scène alors que les spectateurs restaient dans la pénombre.  
 
Ce soir-là, un vent léger soufflait sur la place du marché qui, le temps d’un spectacle, étaient à nouveau noire de monde.  
 
 
 
Non loin de là, Emiliano le berger au cœur amoureux roulait à toute allure dans la plaine au volant de sa vespa avec une passagère agrippée à sa taille. Il s'agissait de Julietta la princesse du château de Cennina qui avait les yeux grands ouverts en direction de l’avenir. Ses jolis et longs yeux brillaient dans la clarté éternelle. Roulant à vive allure sur les petits chemins escarpés de leur Toscane natale bordés par les grands vignobles du Chianti, les deux jeunes adolescents en herbe se rendaient au village le sourire aux lèvres pendant que le troupeau de moutons broutait sagement dans la plaine de l’olivier centenaire surveillé par le malheureux Belocchio qui ruminait dans son coin en l’absence de l’enfant berger qui n’avait d’yeux que pour sa belle princesse. Tandis que sur la plus haute colline du Val d’Ambra, Benito observait le spectacle à l’aide de ses longues jumelles… »  
 
Tandis que le berger avait la tête dans les nuages, le vilain garnement s’apprêtait à mettre son nouveau plan à exécution… »  
 
Soudain, les trois coups retentissent sur la scène du théâtre…  
 
Au centre de la scène repose la statue de Spartacus (une torche éteinte dans la main droite) au pied de laquelle est enchaînée une licorne… 
 
EMILIO LE BALADIN (masque bleu sur le visage, cape bleue et coiffe bleue à plume), surgit 
Oh, mais que vois-je… ma belle et tendre licorne qui repose au pied de la statue de Spartacus. Que fais-tu là, Licorne ? Pourquoi ne rentres-tu pas au campement ? A l’aube nous mettrons les voiles. 
 
LA LICORNE 
Ne vois-tu pas, Emilio le baladin, que je suis solidement enchaînée à la statue. 
 
EMILIO LE BALADIN, se rapproche de la licorne 
Ce n’est rien, je vais te détacher sur le champ.  
 
LA LICORNE 
C’est impossible ! Tu perds ton temps, mon ami. Tu peux dire à la troupe de partir sans moi. 
 
EMILIO LE BALADIN (masque bleu sur le visage, cape bleue et coiffe bleue à plume) 
Je ne t’abandonnerai jamais ma belle licorne. Laisse-moi t’aider…  
 
 
LA LICORNE 
Les chaînes sont incassables. Ce n’est pas la peine.  
 
EMILIO LE BALADIN, essaie de lui retirer ses chaînes en vain 
Combien de fois faudra-t-il te dire de ne jamais quitter le campement sans surveillance ? Ces chaînes sont solides, en effet. Mais qui t’a fait cela et pourquoi ? 
 
LA LICORNE 
Vassela m’a tendu un piège.  
 
EMILIO LE BALADIN (masque bleu sur le visage, cape bleue et coiffe bleue à plume) 
Tu veux parler de la reine des amazones ?  
 
LA LICORNE 
Elle m’a donné en offrande aux dieux en échange de la liberté de son bien-aimé. Maintenant, je suis condamnée à mourir au pied de la statue de Spartacus. Personne ne peut rien faire contre cette décision. Va-t’en !  
 
BUTTERFLY GIRL (masque violet sur le visage, cape bleue et coiffe bleue à plume), cachée dans la pénombre 
A moins de recourir au pouvoir de la bague, mes amis.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Quelle bague ? Qui est là ? Montrez-vous ! 
 
BUTTERFLY GIRL (masque violet sur le visage, cape bleue et coiffe bleue à plume), sort de la pénombre 
Si vous me le permettez, mon bon seigneur… je vais tenter de faire une expérience… 
 
EMILIO LE BALADIN 
Je vous défends d’intervenir dans mes affaires. Hors de ma vue, chenapan !  
 
LA LICORNE 
Sans doute a-t-il trouvé une solution pour me délivrer ?! Laisse-le faire ! Au point où nous en sommes… 
 
EMILIO LE BALADIN 
Tu vois bien qu’il s’agit d’un bandit de grand chemin.  
 
 
LA LICORNE 
C’est curieux !? On dirait qu’il est de la même famille que toi, Baladin !? Celui-ci porte au visage un masque violet en forme de papillon qui appartient à ta collection privée.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Qu’est-ce que cela signifie ? Qui es-tu, Monsieur l’imposteur ? Retire ce masque immédiatement.  
 
BUTTERFLY GIRL (masque violet sur le visage, cape bleue et coiffe bleue à plume) 
Pas encore, baladin !  
 
LA LICORNE 
Il n’a pas la voix d’un homme !  
 
BUTTERFLY GIRL 
Pousse-toi de mon chemin, Emilio, je dois délivrer ce pauvre animal sans défense.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Un instant, Monsieur ! Pourquoi veux-tu à tout prix lui venir en aide ? Quel intérêt pour toi de posséder cette licorne si ce n’est d’en tirer un bon prix sur le marché de Kasanlak ? Je me trompe ? 
 
BUTTERFLY GIRL, sort un écrin de sa poche  
« Apparaître et disparaître », tel est son pouvoir.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Que fait cet écrin en ta possession ? Qui es-tu vraiment et pourquoi te caches-tu derrière ce masque, imposteur ? 
 
BUTTERFLY GIRL 
N’es-tu pas toi-même caché derrière un masque ? Le temps est venu de révéler ta véritable identité, Marquis. Les heures nous sont comptées, vois-tu. 
 
LA LICORNE 
Ce n’est pas la voix d’un homme. J’en suis certaine ! 
 
EMILIO LE BALADIN 
Comment sais-tu qui je suis, Monsieur… heu… je veux dire, Madame ? Car tu es bien une femme, n’est-ce pas ? 
 
BUTTERFLY GIRL, ouvre l’écrin 
Ton destin t’attend, mon ami. L’heure est venue pour toi de retourner en société afin d’y accomplir des miracles.  
Une douce lueur sort de l’écrin et envahit le visage d’Emilio le baladin et de Butterflygirl 
 
EMILIO LE BALADIN, fait plusieurs tours sur lui-même et prend l’apparence du marquis de Toscane 
Mais qui es-tu pour connaître l’issue de mon voyage ?  
 
BUTTERFLY GIRL, fait plusieurs tours sur elle-même et prend l’apparence de Isidora 
Quoi donc, mon ami ? Tu ne reconnais plus la voix de ta fiancée ?  
 
LA LICORNE 
Chouette ! J’ai gagné ! Je savais qu’il s’agissait d’une femme !  
 
BUTTERFLY GIRL 
Tu dois retourner là où ton destin t’attend.  
 
EMILIO LE BALADIN, retire son masque  
Isidora ! Est-ce possible ? Je te croyais restée en Languedoc ? Tu m’avais promis de ne point quitter le relais postal et d’attendre mon retour… comment se fait-il ?  
 
BUTTERFLY GIRL, retire son masque  
Voilà plusieurs lunes que je suis ta trace à travers le monde. Ta balade merveilleuse s’achève ici. Que la force des étoiles soit avec toi, mon compagnon de toujours !  
 
EMILIO LE BALADIN, la prend dans ses bras 
Jamais, ô non jamais, je n’ai cessé de penser à toi durant ma balade, douce et tendre Isidora.  
 
BUTTERFLY GIRL, le prend par la main 
Suis-moi !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Où allons-nous ? 
 
BUTTERFLY GIRL, jette de la poudre magique sur la licorne qui se retrouve aussitôt désenchaînée 
Libre tu as toujours été et libre toujours tu resteras, petite licorne ! Allons-y gaiement ! Toute la troupe des Compagnons Balladins nous attend pour faire la fête sous les étoiles !  
 
Isidora et Emilio grimpe sur la licorne et s’enfuient au clair de lune…  
 
Un nuage de fumée rose envahit la scène de théâtre ensuite… 
 
 
FIN DE LA SCENE 1  
 
 
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ACTE 1 / SCENE 2 
 
Nous sommes toujours sur la place du marché de Bucine, sous un ciel étoilé…  
 
En fin de soirée…  
 
Les lampadaires s’allument…  
 
Les comédiens rangent le matériel sur la scène du théâtre et les habitants quittent les lieux calmement… 
 
 
LE MAIRE, discute avec six de ses concitoyens 
Le spectacle vous a plu, mes chers concitoyens ? 
 
MARCELLO 
C’était merveilleux, Monsieur le Maire ! Notre village n’a pas tous les jours la chance de recevoir une troupe de théâtre.  
 
NICOLETTA 
Un véritable conte de fée pour enfant ! J’aurai préféré que la troupe aborde un thème d’aujourd’hui.  
 
GINA, fait du coude à Mario 
Comme quoi, par exemple ?  
 
MARIO 
Nicoletta aurait préféré une histoire d’amour qui se déroule de nos jours sous les lumières d’un lampadaire. 
 
EDUARDO 
Si ce n’est que ça, je me tiens à ton entière disposition, Nicoletta.  
 
NICOLETTA 
Cesse de faire l’idiot, Eduardo ! Tu sais bien que tu n’es pas mon genre de garçon.  
 
EDUARDO 
Comment ? Je ne suis pas assez bien pour toi ? 
 
MARIO 
Nicoletta a le béguin pour le berger. 
 
EDUARDO 
Il est bien trop jeune pour toi, Nicoletta. 
 
ISABELLA 
Je le trouve craquant avec ses grands yeux verts. 
 
NICOLETTA 
Tu perds ton temps, Eduardo.  
 
ISABELLA 
Emiliano est un homme à présent, un vrai de vrai ! 
 
MARIO 
Je suis navré pour vous, Mesdames, mais son cœur est déjà pris.  
 
NICOLETTA 
Je me demande qui est l’heureuse élue ? Vous avez certainement une idée, Messieurs, vous qui fouiner votre nez un peu partout ? 
 
EDUARDO 
Tout ce que je sais, c’est que depuis le premier jour où sa belle lui a fait les yeux doux, notre berger a tendance à négliger son travail.  
 
MARIO 
Tu as l’air d’en savoir des choses à son sujet, Eduardo !? 
 
EDUARDO 
L’autre soir encore, j’ai surpris les moutons sans surveillance dans la plaine de l’Arno. Résultat : le loup a profité de l’absence du berger pour dévorer deux pauvres bêtes qui ne demandait rien à personne.  
 
MARCELLO 
Le monstre n’en est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai. Figurez-vous qu’une vingtaine de moutons ont été dévorées cet hiver.  
 
LE MAIRE, discute avec six de ses concitoyens 
Ce qui n’est pas sans conséquence pour l’économie de notre village. Il va falloir que je m’occupe de cette affaire personnellement.  
 
MARCELLO 
Devinez où était Emiliano pendant ce temps-là ? 
 
MARIO 
Je l’ai aperçu l’autre soir dans une « Surprise Party » organisée par Gigi L’amoroso. 
 
MARCELLO 
En effet, on peut croiser le berger tous les soirs « au café de la liberté » avec sa nouvelle fiancée.  
 
MARIO 
Les nouveaux amoureux de Vérone ne se quittent plus d’une semelle.  
 
MARIO 
Il faut intervenir rapidement, Monsieur le Maire. 
 
LE MAIRE, discute avec six de ses concitoyens 
Savez-vous qui est la fiancée en question ? 
 
EDUARDO 
Vous n’allez pas tarder à le savoir, monsieur le Maire. J’entends Emiliano venir en Vespa ! 
 
Soudain, Emiliano surgit au volant de son vespa avec Julietta comme passagère… 
 
MARCELLO 
Voyez-vous cela, Monsieur le maire !  
 
MARIO 
La passagère ressemble étrangement à Julietta ?! 
 
MARCELLO 
Votre fille s’est amourachée du berger, semble-t-il ?  
 
Le maire se dirige lentement vers Emiliano et Julietta… 
 
NICOLETTA 
Ce n’est pas notre problème, allons-nous-en, les filles !  
 
MARIO 
Permettez que je vous accompagne… 
 
MARCELLO, lui tape sur l’épaule 
On ferait bien de s’en aller aussi, Eduardo.  
 
EDUARDO 
Je me demande bien la tête que va faire Julietta au moment où son père va la surprendre ? 
 
MARCELLO, l’entraîne avec lui 
C’est son problème ! Viens, on y va ! 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
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ACTE 1 / SCENE 3 
 
Emiliano (Le berger) dépose sa vespa contre le mur du café de la liberté pendant que Julietta (sac en bandoulière) se passe du rouge à lèvres devant une petite glace à main…  
 
 
JULIETTA, se passe le rouge à lèvres 
Je n’ai pas vraiment envie d’aller chez Gigi, Emiliano !?  
 
EMILIANO 
Qu’est-ce qui ne va pas, Julietta ? On est très bien chez Gigi l’amoroso ! Tous les soirs, c’est la fête ! 
 
JULIETTA, se passe le rouge à lèvres 
L’autre jour, ce n’était pas vraiment gai. Je n’ai pas aimée la scène de jalousie que tu m’as faite en public. (Elle range le rouge à lèvres dans son sac à main) 
 
EMILIANO 
Benito n’avait qu’à pas te tourner autour.  
 
JULIETTA, se maquille les yeux ensuite 
Tu sais bien qu’il a fait ça pour te provoquer. Et toi, naturellement, tu es rentré dans son jeu. Il a fallu que tu casses un verre. 
 
EMILIANO 
Il m’a ridiculisé devant tous mes camarades. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? 
 
JULIETTA, se maquille les yeux  
Il fallait le laisser faire. Il se serait calmé tout seul au bout d’un moment.  
 
EMILIANO 
Je ne comprends pas pourquoi tu te maquilles autant ?  
 
JULIETTA, se maquille les yeux  
Qu’est-ce que ça peut te faire ? Je ne fais rien de mal.  
 
EMILIANO 
Tu fais ça pour provoquer les garçons. 
 
JULIETTA, se maquille les yeux  
Tu ne comprends rien aux femmes, Emiliano.  
 
EMILIANO 
Ça va, ça va ! Bon, dépêche-toi, s’il te plait !  
 
LE MAIRE, arrive 
Je peux savoir ce que tu fais dehors à cette heure-ci, ma fille ?  
 
JULIETTA, range rapidement son maquillage  
Mais qu’est-ce que tu fais là, papa ?  
 
LE MAIRE 
En principe, tu devrais être dans ta chambre à l’heure qu’il est pour apprendre ta leçon d’anglais.  
 
JULIETTA 
Mon ami le berger m’a gentiment proposé de m’emmener au bal, papa. 
 
LE MAIRE 
J’ignorais que ma fille allait au bal en milieu de semaine !?  
 
EMILIANO 
Désolé, Monsieur le maire… si j’avais su que Julietta avait une leçon d’anglais… 
 
LE MAIRE 
Toi, ferme-la ! Ce n’est pas à toi que je m’adresse.  
 
JULIETTA 
Emiliano n’y est pour rien, Papa… il voulait juste me faire plaisir… 
 
LE MAIRE 
Cela suffit, ma fille ! Rentre immédiatement à la maison !  
 
JULIETTA 
Tu ne devrais pas te mettre en colère, Papa. 
 
LE MAIRE 
Va m’attendre dans l’auto, s’il te plait ! Je l’ai garée à côté de l’église.  
 
Julietta s’en va… 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
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ACTE 1 / SCENE 4 
 
EMILIANO 
Ce n’est pas bien, Monsieur le Maire… 
 
LE MAIRE 
Depuis quand sais-tu ce qui est bien ou pas bien, berger ? 
 
EMILIANO 
Je me suis toujours bien conduit dans le village, Monsieur le Maire. 
 
LE MAIRE 
Ce n’est pas toujours le cas à en juger par les bruits qui courent comme quoi tu passes plus de temps au café que dans les champs à surveiller tes moutons.  
 
EMILIANO 
Ce n’est pas vrai du tout !  
 
LE MAIRE 
J’ai du mal à te croire, mon garçon.  
 
EMILIANO 
Je prends toujours soin de mes bêtes, je vous assure.  
 
LE MAIRE 
Alors, comment se fait-il qu’il y ait autant de disparitions dans ton troupeau depuis quelques mois ?  
 
EMILIANO 
Qui vous a raconté ça ? Aucun mouton ne manque à l’appel. 
 
LE MAIRE 
Tu ferais bien de surveiller tes animaux au lieu de faire la fête. On raconte que le loup profite de ton absence dans la plaine pour dévorer tes animaux. Je ne t’ai pas confié le poste de berger pour que tu le négliges à ce point. Il va falloir que tu te reprennes, mon garçon. 
 
EMILIANO 
Ce n’est pas de ma faute si certaines bêtes s’égarent du troupeau malgré ma vigilance ?  
 
LE MAIRE 
Ce n’est ni de la mienne.  
 
Belocchio fait mal son travail, voilà tout !  
 
LE MAIRE 
C’est toujours de la faute des autres !  
 
EMILIANO 
Il lui arrive souvent de s’endormir dans la nuit. Je ne sais pas ce qu’il a ? 
 
LE MAIRE 
Ecoute-moi, mon garçon… je ne te demande pas de te justifier… je te demande juste de bien faire ton travail… ne m’oblige pas à te trouver un remplaçant. 
 
EMILIANO 
Très bien, Monsieur le Maire… je vais regagner mon poste immédiatement. (Il grimpe sur sa vespa)  
 
LE MAIRE 
Un conseil avant que tu partes : évite d’entraîner ma fille dans tes virées nocturnes, celle-ci a des choses plus importantes à faire à la maison. Dans quelques jours, elle doit passer un examen d’anglais, comprends-tu ? 
 
EMILIANO 
Oui, monsieur le maire.  
 
LE MAIRE 
Je compte sur toi pour mettre fin à votre relation.  
 
EMILIANO 
Je ne fais rien de mal avec votre fille, Monsieur le Maire. 
 
LE MAIRE 
Là n’est pas le problème, mon garçon ! Je sais bien que vous êtes les meilleurs amis au monde depuis le berceau… je sais aussi que tu respectes beaucoup ma Julietta… seulement, il faut que tu saches que ma fille risque de quitter l’Italie un jour ou l’autre…  
 
EMILIANO 
Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? 
 
LE MAIRE 
J’aimerais que tu ne t’attaches pas trop à ma fille.  
 
EMILIANO 
Comment ça ? 
 
LE MAIRE 
C’est tout ce que j’ai à te dire, Emiliano. Et maintenant, va rejoindre tes moutons qui t’attendent dans la plaine de l’Arno. Ils ont besoin de toi ! 
 
Emiliano s’enfuit rapidement en vespa… 
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux…  
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
 
 
Pendant ce temps-là, dans la plaine de Bucine…  
A proximité d’un olivier centenaire contre lequel repose un bâton de berger… 
 
Un troupeau de moutons endormis est livré à lui-même…  
 
La nuit est tombée à présent et les étoiles de la Grande Ourse brillent dans le ciel… 
 
Le loup surgit et se place derrière l’olivier centenaire… 
 
Un agneau s’écarte du troupeau de moutons endormis en sautant en l’air, essayant d’attraper une étoile dans le ciel 
 
LE LOUP, placé derrière l’olivier, interpelle l’agneau 
Hou ! Hou ! Tendre agneau ! Hou ! Hou ! 
 
L’AGNEAU, continue de sauter en l’air pour attraper une étoile 
Silence ! Ne vois-tu pas que j’essaie d’attraper une étoile ? 
 
LE LOUP, placé derrière l’olivier 
C’est très compliqué! 
 
 
L’AGNEAU, continue de sauter en l’air pour attraper une étoile 
Je finirai bien par y arriver. 
 
LE LOUP, placé derrière l’olivier 
Tu t’obstines trop, mon agneau. 
 
L’AGNEAU, continue de sauter en l’air pour attraper une étoile 
Ma maman m’a dit que je dirigerai notre bétail si j’arrivais à décrocher une étoile. C’est pourquoi, je tente ma chance.  
 
LE LOUP, placé derrière l’olivier 
Le berger n’est toujours pas revenu de la ville ? 
 
L’AGNEAU, continue de sauter en l’air pour attraper une étoile 
Il préfère s’amuser avec ses amis au lieu de s’occuper de nous. Cet hiver, c’est Belocchio le patriarche qui a occupé le poste par intérim. Aujourd’hui, le vieux mouton est fatigué, il ne tient plus sur ses jambes. J’espère pouvoir le remplacer rapidement. 
 
LE LOUP, placé derrière l’olivier 
Ça ne fait pas très longtemps que ta maman t’a mis au monde. 
 
L’AGNEAU, s’arrête de sauter 
Je suis arrivé au monde, ce matin. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre…  
 
LE LOUP, placé derrière l’olivier 
Un nouveau-né ! Quelle chance pour moi ! Ce sera plus facile à mâcher ! 
 
L’AGNEAU, s’arrête de sauter 
Où es-tu, je ne te vois pas ?  
 
LE LOUP, se déplace jusqu’à l’agneau 
Ne crie pas aussi fort, mon tendre agneau, tu vas réveiller tes frères et sœurs.  
 
L’AGNEAU, éclate de rire 
C’est bien la première fois de ma vie que je tombe nez à nez avec un animal de ton espèce. Dis donc, tu es drôlement poilu ! Qui es-tu ? 
 
LE LOUP, placé à hauteur de l’agneau 
Ta maman ne t’a jamais parlé de moi ? En principe, je n’ai pas à me présenter. 
 
 
L’AGNEAU 
Je ne vois pas beaucoup ma mère, elle broute l’herbe toute la journée. Tu attends quoi pour te présenter, grand poilu ? (Elle éclate de rire)  
 
LE LOUP, placé à hauteur de l’agneau 
Je suis un loup, pardi ! Et tu ferais bien de te méfier de moi au lieu de faire l’idiot.  
 
L’AGNEAU 
Que tu es grand, monsieur le loup ! Le plus âgé de mes congénères ne t’arrive pas au nombril.  
 
LE LOUP, placé à hauteur de l’agneau 
C’est que tu ne m’as pas encore vu sur la pointe des pieds! (Puis il se met sur la pointe des pieds) Que dis-tu de cela, mon tendre agneau ? 
 
L’AGNEAU 
Si j’avais un corps aussi élastique que le tien, grand loup, je n’aurais aucun mal à décrocher les étoiles dans le ciel. 
 
LE LOUP, sur la pointe des pieds, fait plusieurs tours sur lui-même 
C’est une question de souplesse ! Avec un peu d’entraînement, toi aussi, tu peux y arriver. 
 
L’AGNEAU, se met sur la pointe des pieds 
Ça n’a pas l’air compliqué, en effet. 
 
LE LOUP, sur la pointe des pieds, fait plusieurs tours sur lui-même 
Et maintenant, tu vas tourner comme une girouette.  
 
L’AGNEAU, sur la pointe des pieds, fait plusieurs tours sur elle-même 
C’est super ! Regarde, monsieur le loup, regarde, je tourne, je tourne comme une ballerine d’opérette ! 
 
LE LOUP, sur la pointe des pieds, fait plusieurs tours sur lui-même 
Et maintenant, ma biche, tu vas lever les bras dans le ciel le plus haut possible pour décrocher une étoile. 
 
L’AGNEAU, sur la pointe des pieds, faisant plusieurs tours sur elle-même, essaie d’attraper une étoile 
J’y suis presque, mon loulou !  
 
LE LOUP, s’arrête de tourner et tend les bras 
Tu vas bientôt être récompensé de tes efforts, ma biche !  
 
L’AGNEAU, tombe dans les bras du loup 
Ouille, ouille, ouille ! Que se passe-t-il, mon loulou ?... j’ai le tournis tout d’un coup ! 
 
LE LOUP, avec l’agneau dans ses bras 
Ce n’est rien, ma biche… c’est juste que tu as la tête dans les étoiles. 
 
L’AGNEAU, dans les bras du loup 
J’ai réussi ! 
 
LE LOUP, avec l’agneau dans ses bras 
Que dirais-tu d’une salade de foie d'agneau au cumin ? 
 
L’AGNEAU, dans les bras du loup 
C’est quoi ? 
 
LE LOUP, avec l’agneau dans ses bras 
Tu vas te régaler, sa préparation est très simple : tout d’abord, il faut couper  
l’aubergine en 4 rondelles épaisses, saler, arroser d'huile d'olive et cuire les rondelles à four chaud pendant environ 20 mn en les retournant de temps en temps. Ensuite, il faut laisser refroidir. 
 
L’AGNEAU, dans les bras du loup 
Ça a l’air délicieux ! 
 
LE LOUP, avec l’agneau dans ses bras 
Dresser les feuilles de chou dans 4 assiettes et couper les carottes en lamelles épaisses dans le sens de la longueur. 
 
L’AGNEAU, dans les bras du loup 
J’en salive d’avance ! 
 
LE LOUP, avec l’agneau dans ses bras 
Dans une poêle bien chaude, faire chauffer un fond d'huile puis cuire le foie environ 5 mn selon l'épaisseur de la tranche. Trancher le foie puis dresser sur le chou en alternant les tranches avec les lamelles de carottes. 
 
L’AGNEAU, dans les bras du loup 
J’adore les carottes ! 
 
 
LE LOUP, quitte les lieux avec l’agneau dans ses bras 
Ajouter sur chaque assiette une rondelle d'aubergine, arroser d'huile d'olive et d'un peu de vinaigre. Et pour finir, assaisonner avec le cumin et la coriandre, saler, poivrer. Et le tour est joué !  
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
 
Le lendemain soir… 
 
A présent, l’action se déroule dans le café Liberta de Gigi l’Amoroso aménagé en piste de danse pour la « Surprise Party » comme chaque soir… 
 
Des garçons et des filles dansent sur la piste…  
 
La musique résonne jusqu’à l’autre bout de la rue…  
 
Emiliano le berger est assis près du bar…  
 
 
GIGI L’AMOROSO 
Pourquoi tu ne t’amuses pas, ce soir, Emiliano ? 
 
EMILIANO 
Je n’ai vraiment pas la tête à ça, Gigi. 
 
GIGI L’AMOROSO 
Julietta n’est pas avec toi ? 
 
EMILIANO 
Je n’ai pas envie de parler d’elle. 
 
NICOLETTA, surgit 
Tu viens danser avec moi, Emiliano ? 
 
EMILIANO 
Laisse-moi tranquille, s’il te plait ! 
 
NICOLETTA 
Je suis trop vieille pour toi, c’est bien ça ? 
 
GIGI L’AMOROSO 
N’insiste pas, Nicoleta, tu vois bien qu’il a la tête ailleurs.  
 
MARIO, prend Nicoleta par la main 
Viens danser le slow avec moi, Nicoleta ! 
 
NICOLETTA, le repousse 
Je ne t’ai rien demandé, Mario, lâche-moi !  
 
MARIO 
Doucement ! J’ai rien fait de mal. 
 
NICOLETTA, le repousse 
Je t’ai déjà dit que tu n’étais pas mon genre d’homme. N’insiste pas ! 
 
GIGI L’AMOROSO 
Tu entends ce qu’elle te dit ? Laisse-la tranquille ! 
 
MARIO 
Ça va, ça va, j’ai compris ! 
 
GIGI L’AMOROSO, entraîne Nicoleta sur la piste 
Et toi, va danser ! Ce n’est pas les garçons qui manquent ici.  
 
MARIO 
Cette fille est incroyable, elle refuse toujours mes avance ! Qu’est-ce que tu en penses, Emiliano ? 
 
EMILIANO 
Je n’en pense rien du tout. 
 
MARIO 
Qu’est-ce que tu fais là, petit ? Tu ne devrais pas être avec ton troupeau de mouton à cette heure-ci ?  
 
EMILIANO 
Ça ne te regarde pas ! 
 
MARIO 
Un peu que ça me regarde ! N’oublie pas que c’est moi qui t’achètes ta laine. 
 
EMILIANO 
Si c’est ça ton problème, tu n’as qu’à aller voir ailleurs.  
 
MARIO 
Je m’inquiète pour tes moutons, voilà tout ! 
 
EMILIANO 
C’est mon problème. C’est entre mes bêtes et moi, d’accord ? 
 
MARIO 
Parlons-en de tes bêtes ! A l’heure qu’il est, elles doivent avoir très peur de rester seules dans le noir. 
 
EMILIANO 
J’ai d’autres soucis à penser. 
 
MARIO 
Ta Julietta te rend fou, Emiliano ! Tu penses plus à elle qu’à ton bétail. Ce n’est pas normal ! 
 
EMILIANO 
Trouve-toi un autre berger. 
 
MARIO 
Et nous, tu penses à nous ? Qu’est-ce qu’on va devenir si le loup dévore tout le bétail ? 
 
EMILIANO 
Qu’est-ce que tu racontes ? Le loup n’a rien à voir dans cette histoire. 
 
MARIO 
Tu as perdu la tête ou quoi ?  
 
EMILIANO 
Il y a longtemps que le loup a déserté la plaine de l’Arno. Il vit dans la montagne maintenant. 
 
MARIO 
Il n’empêche que les pertes de cette année sont importantes. Tu n’as pas l’air de te rendre compte… 
 
EMILIANO 
C’est assez comme ça !  
 
ISABELLA, surgit et prend Emiliano par la main 
Viens t’amuser avec nous, Emiliano ! C’est la fête ce soir !  
 
EMILIANO 
Tu as raison, Isabella ! Ça va me changer les idées ! 
 
Un nuage de fumée rose envahit la piste… 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
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ACTE 1 / SCENE 7 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
 
Pendant ce temps-là, au château de Cennina… 
 
L’action se déroule dans la chambre de Julietta avec une grande fenêtre donnant sur un balcon…  
 
JULIETTA, se peigne les cheveux devant sa glace à l’aide d’une brosse tout en chantant 
« Ah! 
Je veux vivre 
Dans ce rêve qui m'enivre; 
Ce jour encore, 
Douce flamme, 
Je te garde dans mon âme 
Comme un trésor! 
Cette ivresse 
De jeunesse 
Ne dure, hélas! qu'un jour! 
Puis vient l'heure 
Où l'on pleure, 
Le cœur cède à l'amour, 
Et le bonheur fuit sans retour. 
Je veux vivre,… 
Loin de l'hiver morose 
Laisse-moi sommeiller 
Et respirer la rose 
Avant de l'effeuiller. 
Ah! 
Douce flamme, 
Reste dans mon âme 
Comme un doux trésor 
Longtemps encore! » 
(Texte lyrique extrait de l’opéra en cinq actes de Charles Gounod d’après la pièce « Roméo et Juliette de Shakespeare)  
 
LE MAIRE (Père de Juliette), frappe à la porte 
Tu as fini ton devoir d’anglais, Julietta ? 
 
JULIETTA, continue de se brosser les cheveux 
Pas encore, Papa !  
 
 
LE MAIRE (Père de Juliette), de l’autre côté de la porte 
C’est bientôt l’heure d’aller te coucher, ma fille.  
 
JULIETTA, continue de se brosser les cheveux 
Oui, Papa ! 
 
LE MAIRE (Père de Juliette), de l’autre côté de la porte 
Je te rappelle que nous avons rendez-vous à l’ambassade américaine demain matin.  
 
JULIETTA, continue de se brosser les cheveux 
Encore deux minutes, Papa !  
 
LE MAIRE (Père de Juliette), de l’autre côté de la porte 
Tu fermeras la lumière ensuite.  
 
JULIETTA, continue de se brosser les cheveux 
Bien, Papa. 
 
LE MAIRE (Père de Juliette), de l’autre côté de la porte 
Bonne nuit, ma fille ! 
 
JULIETTA, dépose sa brosse sur la table 
Bonne nuit, papa !  
 
Julietta se lève, enfile une veste et ouvre la grande fenêtre qui donne sur le balcon…  
 
LE MAIRE, ouvre la porte à ce moment-là 
Je t’ai demandé de fermer la fenêtre… (Il aperçoit Julietta sur le balcon) Mais que fais-tu, ma fille ? (Il rentre dans la chambre) Où comptes-tu aller comme ça ? 
 
JULIETTA, sur le balcon 
Je… je… je ne fais rien, Papa… je… je prends l’air tout simplement. 
 
LE MAIRE, la prend par le bras et l’entraîne dans la chambre 
Rentre tout de suite dans ta chambre ! (Il referme la fenêtre) Tu es folle ou quoi? Tu vas prendre froid à cette heure-ci. Et puis, ce n’est pas encore le printemps. Tu contempleras les étoiles une autre fois.  
 
JULIETTA 
De toute façon, je ne serai plus ici au printemps. 
 
 
LE MAIRE 
Qu’est-ce que tu racontes ? 
 
JULIETTA 
C’est toi qui me l’as dit l’autre jour.  
 
LE MAIRE 
Je vois ce que tu veux dire… oh mais rassure-toi, ce n’est pas encore fait… tu sais… d’ici à ce que le consulat te délivre un visa… 
 
JULIETTA 
Il faut vraiment que je parte en Amérique ?  
 
LE MAIRE 
On ne peut pas faire autrement, Julietta. Ma sœur est gravement malade et tu es la seule personne de la famille à pouvoir lui venir en aide.  
 
JULIETTA 
Je ne vais pas abandonner mes études maintenant. 
 
LE MAIRE 
Ne t’inquiète pas pour ça, ma fille, ta tante a tout prévu en Californie. Tu verras, tout va bien se passer… tu t’adapteras à ta nouvelle vie. 
 
JULIETTA 
Je n’ai pas envie de partir, Papa ! Tu sais… j’ai tous mes amis ici... ce serait dommage de les quitter, tu ne crois pas ?… 
 
LE MAIRE 
Des amis, des amis ! Tu pourras aussi t’en faire en Amérique.  
 
JULIETTA 
Ce sont mes amis d’enfance. 
 
LE MAIRE 
Tu veux parler du berger ?… eh bien, il va falloir que tu l’oublies définitivement.  
 
JULIETTA 
C’est injuste ! Emiliano est mon plus fidèle ami, il a toujours été très gentil avec moi. 
 
LE MAIRE 
Cela suffit ! S’il était aussi gentil que tu le prétends, il n’abandonnerait pas ses moutons comme il le fait.  
 
JULIETTA 
Ne t’inquiète pas pour ça, Papa, Belocchio a l’œil sur le troupeau !  
 
LE MAIRE 
Mais de qui tu parles ? 
 
JULIETTA 
C’est mon vieil ami le mouton. C’est lui qui donne la permission au petit berger de sortir tous les soirs… 
 
LE MAIRE 
Pour aller faire la fête chez le napolitain. Tout cela n’est pas très sérieux ! 
 
JULIETTA 
Gigi l’Amoroso est un garçon très sympathique. Tous les soirs, il m’offre un verre de champagne gratuitement.  
 
LE MAIRE 
Ce n’est pas bien de boire de l’alcool.  
 
JULIETTA 
Tu exagères, Papa ! C’est juste du raisin qui pétille. (Elle ouvre la fenêtre qui donne sur le balcon) De toute façon, j’ai 16 ans, papa… je suis une grande fille… 
 
LE MAIRE 
Tu ne quittes pas cette maison, c’est compris ?  
 
JULIETTA 
Mais enfin, papa… je ne fais rien de mal… je veux juste m’amuser comme toutes les filles de mon âge.  
 
LE MAIRE 
Reste ici ! Dorénavant, tu resteras enfermée dans ta chambre… jusqu’à ton départ pour l’Amérique.  
 
JULIETTA, plonge sur le lit en larme 
C’est injuste ! Injuste ! Injuste !  
 
LE MAIRE, quitte la chambre  
Tu peux pleurer autant que tu veux, ma fille… ton père ne cédera pas. (Il claque la porte en sortant) Commence à préparer ta valise ! 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 8 
 
Le nuage de fumée rose se dissipe… 
Le lendemain matin dans la plaine de Bucine…  
A proximité d’un olivier centenaire contre lequel repose un bâton de berger… 
Belocchio (le vieux mouton) est placé au milieu du cercle d’un troupeau, il porte un agneau dans ses bras …  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), placé derrière son chevalet sur lequel repose une toile bleue, apparaît à côté de l’olivier  
Le troupeau est en pleine réunion, semble-t-il... ce qui est plutôt rare de bon matin… ils n’ont pas l’air heureux... voyons cela de plus près… (Il se dirige vers le troupeau de moutons qui s’écarte sur son passage) Pourquoi prenez-vous cet air attristé, mes amis ? (Il aperçoit Belocchio avec l’agneau dans ses bras) Que lui est-il arrivé, Belocchio ?  
 
BELOCCHIO, placé au centre avec l’agneau dans ses bras 
Un nouveau crime a été commis, Leonardo. Le dernier né de notre famille a été mis en pièce la nuit dernière.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), s’agenouille  
Pauvre Agneau ! 
 
BELOCCHIO, placé au centre avec l’agneau dans ses bras 
Regarde dans quel état nous l’avons trouvé ! Il a été mordu à plusieurs reprises. 
 
LEONARDO (grande barbe blanche), s’agenouille  
Qui a fait ça ?  
 
BELOCCHIO, placé au centre avec l’agneau dans ses bras 
Je soupçonne le loup d’en être l’auteur.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), agenouillé  
Je croyais qu’il avait été chassé dans la montagne par les habitants après la guerre. (Il prend l’agneau dans ses bras) Pauvre petit !  
 
BELOCCHIO 
Ce monstre sévit toujours dans les parages. Cet hiver, il a dévoré vingt moutons.  
 
 
LEONARDO (grande barbe blanche), se lève avec l’agneau dans ses bras  
Et que fait le berger pendant ce temps-là ?  
 
BELOCCHIO 
Voilà bien longtemps qu’il ne s’occupe plus de nous.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), avec l’agneau dans ses bras  
Tu veux dire qu’il a abandonné son troupeau ?  
 
BELOCCHIO 
Ce n’est pas exactement ça… disons que depuis l’été dernier, Emiliano est très occupé. De temps à autre, il lui arrive de pointer le bout de son nez… mais il n’est plus tout à fait comme avant…  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), avec l’agneau dans ses bras  
Il est peut-être malade ? 
 
BELOCCHIO 
Pour être malade, il est malade ! Figure-toi qu’il a choppé la maladie d’amour… laquelle a d’ailleurs tout emporté sur son passage. 
 
LEONARDO (grande barbe blanche), avec l’agneau dans ses bras  
Julietta y est pour quelque chose ?  
 
BELOCCHIO 
Emiliano se balade des journées entières avec elle en vespa pendant que je me morfonds au pied de l’olivier centenaire.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), avec l’agneau dans ses bras  
Je l’aurais parié !  
 
BELOCCHIO 
Je ne possède pas les capacités d’un chien pour garder le bétail. Alors, il arrive de temps à autre que les moutons s’égarent.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), se déplace jusqu’à l’olivier avec l’agneau dans ses bras  
Vingt bêtes ont disparu cet hiver, disais-tu ?… mon Dieu !... mais c’est une véritable hécatombe ! (Il réfléchit) Tu dois absolument faire quelque chose, Belocchio, avant que le loup ne décime le troupeau tout entier. (Il dépose le corps de l’agneau à côté de l’arbre) Trop c’est trop !  
 
 
BELOCCHIO 
Hélas, je suis beaucoup trop vieux maintenant... je n’ai pas la force suffisante pour combattre le loup… ce dernier ne fera qu’une bouchée de moi. 
 
LEONARDO (grande barbe blanche), se saisit du bâton de berger qui reposait toujours contre l’arbre 
Ce bâton n’a rien à faire contre l’arbre ! Je me souviens l’avoir remis à Emiliano dans le passé afin qu’il se défende contre d’éventuelles attaques. Pourquoi ne s’en est-il jamais servi ?  
 
BELOCCHIO 
Voilà bien longtemps que le berger a déposé les armes.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), placé derrière son chevalet, le bâton de berger à la main  
Je compte sur toi pour le ramener à la raison.  
 
BELOCCHIO 
Depuis qu’il est amoureux de sa princesse, il est complètement sourd. On ne peut plus compter sur lui.  
 
LEONARDO (grande barbe blanche), dépose le bâton de berger contre l’arbre  
Je compte sur toi pour trouver rapidement une solution. Il en va de la subsistance de toute une région.  
 
Puis Leonardo disparaît du lieu avec son chevalet comme par magie… 
 
BELOCCHIO, s’agenouille près de l’agneau 
En attendant, je vais prier le ciel ! 
 
Le troupeau de mouton encercle Belocchio… 
 
Un nuage de fumée envahit la plaine de l’olivier… 
 
 
FIN DE LA SCENE 8 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 9 
 
 
Quelques jours plus tard, au château de Cennina… 
L’action se déroule dans la chambre de Julietta avec une grande fenêtre donnant sur un balcon…  
 
Nous sommes dans la nuit… 
 
 
Julietta dort dans son lit…  
 
 
Emiliano apparaît sur le balcon avec un cornet de glace à la main, portant un masque blanc (avec un grand sourire) et vêtu du célèbre costume de « Burlamacco » (mascotte du carnaval de Viareggio en Toscane – Italie) avec son bicorne rouge sur la tête (chapeau à deux cornes) : un costume en forme de losange rouge et blanc, un pompon, une collerette blanche et large et une grande cape noire… 
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), surgit sur le balcon avec un cornet de glace à la main 
Ohé, ma Julietta ! Il est l’heure de t’enfuir de chez toi.  
 
JULIETTA, endormi dans son lit 
Je n’ai pas envie d’aller Amérique, Papa !  
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), sur le balcon, placé derrière la fenêtre, son cornet de glace à la main 
Mais qui t’a parlé de l’Amérique ? Je veux juste t’emmener au Carnaval de Viareggio. (Il ouvre la fenêtre et rentre dans la chambre) Debout, ma chérie ! 
 
JULIETTA, endormi dans son lit 
Je n’irai nulle part. 
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), grimpe sur le lit avec son cornet de glace à la main 
Il paraît qu’on sert les meilleures glaces de toute l’Italie sur la « Viale regina Margherita ».  
 
JULIETTA, endormi dans son lit 
Je n’aime pas la glace. 
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), danse sur le lit avec son cornet de glace à la main 
La vue sur la Méditerranée de bon matin est splendide. Debout, ma belle !  
 
JULIETTA, lève la tête  
Si tu crois m’avoir avec les sentiments… mais que se passe-t-il, enfin ? 
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), danse sur le lit avec son cornet de glace à la main 
Vraiment, tu ne sais pas ce que tu perds, Julietta !  
 
JULIETTA, sursaute 
Qui êtes-vous ? Vous n’avez rien à faire dans ma chambre ! 
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), danse sur le lit avec son cornet de glace à la main 
Burlamacco est de sorti, aujourd’hui ! Calme-toi, Julietta ! (Il lui tend le cornet de glace) Cette glace à la fraise est pour toi, ma Julietta !  
 
JULIETTA 
Sortez de ma chambre immédiatement ! Je vous préviens… j’appelle le carabinier si vous ne sortez pas. 
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), retire son masque 
Comment ? Tu m’as déjà oublié, princesse ? 
 
JULIETTA 
Mais que fais-tu là, Emiliano ? Et puis d’abord, je peux savoir ce que tu fais dans cet accoutrement loufoque ? 
 
EMILIANO, le masque dans une main et le cornet de glace dans l’autre  
Le carnaval de Viareggio vient de commencer, il ne faut surtout pas le manquer ! (Il insiste avec le cornet de glace) Tiens, prends ta glace ! 
 
JULIETTA 
Tu es complètement fou !  
 
EMILIANO, le masque dans une main et le cornet de glace dans l’autre  
Silence ! Tu vas réveiller ton père ! 
 
JULIETTA 
Mon père… je l’avais complètement oublié. 
 
EMILIANO, lui tend le cornet de glace  
Dépêche-toi de manger ta glace avant qu’elle dégouline dans ma main.  
 
JULIETTA, se saisit du cornet de glace 
Tu n’aurais pas dû venir jusqu’au château, Emiliano. Tu es vraiment inconscient ! 
EMILIANO, le masque à la main 
J’en avais assez de t’attendre au café, il fallait que je te voie à tout prix !  
 
JULIETTA, se saisit de la glace 
Si jamais mon père te surprend dans ma chambre…  
 
EMILIANO (Sous les traits de Burlamacco), replace le masque de Burlamacco sur son visage  
Qu’est-ce qu’on attend pour partir ? (Il la prend par la main) Mon vespa nous attend sous ton balcon. 
 
JULIETTA (en chemise de nuit), entraînée par Emiliano  
Où va-t-on ? 
 
EMILIANO 
Dans la province de Lucques. 
 
JULIETTA (en chemise de nuit) 
C’est sur la côte ! On n’y arrivera jamais en vespa ! 
 
EMILIANO, la prend dans ses bras et fait plusieurs tours avec elle 
Soyons fous !  
 
JULIETTA (en chemise de nuit), fait plusieurs tours dans les bras d’Emiliano 
Youpi !  
 
EMILIANO, ouvre la grande fenêtre qui donne sur le balcon 
En voiture, Mademoiselle Julietta !  
 
JULIETTA (en chemise de nuit), s’enfuit avec Emiliano par le balcon 
A nous la dolce vita !  
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux… 
 
FIN DE LA SCENE 9 
 
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ACTE 2 / SCENE 10  
 
Le nuage de fumée rose se dissipe…  
 
En soirée…  
 
L’action se déroule au « Café Liberta » chez Gigi l’Amorose toujours aménagé en piste de danse pour la « Surprise Party »… 
 
Des garçons et des filles dansent sur la piste…  
La musique résonne jusqu’à l’autre bout de la rue…  
 
Emiliano le berger et Julietta font leur entrée en dansant…  
 
Benito rentre dans le café avec un fusil en bandoulière et s’assoit au bar… 
 
GIGI L’AMOROSO, se place derrière le bar  
Je m’excuse, Benito, mais tu n’es pas le bienvenu chez moi.  
 
BENITO, le fusil en bandoulière 
Ne commence pas à m’énerver, Gigi ! Sers-moi plutôt un verre !  
 
GIGI L’AMOROSO 
Je ne veux pas de problèmes dans mon café. Rentre chez toi !  
 
BENITO, le fusil en bandoulière, les yeux sur la piste 
Cinq minutes… tu permets ? 
 
GIGI L’AMOROSO 
N’insiste pas.  
 
BENITO, le fusil en bandoulière, les yeux sur la piste 
Laisse-moi contempler les danseurs sur la piste… ils sont beaux, tu ne trouves pas ? 
 
GIGI L’AMOROSO 
Sors de chez moi ! Tu m’as suffisamment causé d’ennuis comme ça l’autre soir.  
 
BENITO 
Ton garde du corps n’avait qu’à pas me provoquer.  
 
GIGI L’AMOROSO 
Ce n’était pas une raison pour lui loger une balle dans la jambe. 
 
BENITO 
Je te jure que cela ne se reproduira plus.  
 
GIGI L’AMOROSO 
Tu as intérêt à te tenir tranquille, ok ? 
 
BENITO 
Tu as ma parole, Gigi ! Et maintenant, sers-moi un verre, s’il te plait !  
 
Gigi lui sert un verre… 
 
Les garçons et des filles continuent de danser sur la piste…  
 
MARIO, surgit dans le café en hurlant 
Emiliano ! Emiliano !  
 
EMILIANO 
Qu’est-ce qui t’arrive, Mario ? Pourquoi tu t’affoles comme ça ? 
 
MARIO 
Ecoute-moi, c’est important ! (Il bégaye) ton… ton… ton vespa… 
 
EMILIANO 
Quoi, mon vespa ? Il n’est pas bien garé ? 
 
MARIO 
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Si tu voyais dans quel état il est.  
 
EMILIANO 
Mais qu’est-ce que tu racontes, Mario ?! 
 
MARIO 
Quelqu’un a renversé ton vespa… il est en mille pièces. 
 
EMILIANO 
Attends-moi ici, Julietta ! Je reviens… 
 
Emiliano quitte rapidement les lieux avec Mario… 
 
BENITO, pose son fusil contre le comptoir et s’approche de Julietta, un verre à la main 
Belle soirée, n’est-ce pas, ma Julietta ? (Il passe son bras autour de son cou) 
 
JULIETTA, retire son bras 
Retire tes sales pattes, s’il te plait, je ne t’appartiens pas ! 
 
BENITO (le fusil en bandoulière), un verre à la main 
Je t’offre un verre, chérie ? 
 
JULIETTA 
Laisse-moi tranquille, Benito, je n’ai pas envie de parler avec toi. 
 
BENITO (le fusil en bandoulière), un verre à la main 
Je me suis toujours demandé ce que le berger avait de plus que moi ? 
 
JULIETTA 
Lui, au moins, il me respecte… il ne me prend pas pour une idiote comme toi.  
 
BENITO, éclate son verre sur le sol en éclatant de rire  
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !  
 
JULIETTA 
Emiliano est très gentil. Alors que toi, tu n’es qu’un égoïste. Tu ne penses qu’à toi.  
 
BENITO 
Je vois… tu préfères prendre la défense d’un petit berger qui a abandonné son troupeau de moutons.  
 
JULIETTA 
Occupe-toi de ce qui te regarde au lieu de fouiner dans les affaires des autres.  
 
BENITO, prend l’apparence du loup 
A sa place, je me méfierai du loup qui pourrait bien dévorer le troupeau tout cru cette fois-ci. 
 
JULIETTA 
Le loup ne fait pas peur à mon Emiliano.  
 
BENITO, sous l’apparence du loup, éclate de rire  
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !  
 
JULIETTA 
Je ne vois pas ce qui te fait rire? 
 
BENITO, sous l’apparence du loup, éclate de rire  
Ah ! Ah ! Ah ! J’imagine la tête qu’il va faire lorsqu’il s’apercevra que sa princesse a disparu. Ah ! Ah ! Ah !  
 
Puis le loup frappe sur le sol avec sa longue queue, ce qui a pour effet de faire apparaître une fumée blanche qui envahit peu à peu le café…  
 
JULIETTA, hurle 
Le loup est entré dans le café !  
 
BENITO, sous l’apparence du loup, se saisit du poignet de Julietta 
Que dirais-tu d’aller faire une promenade sur la falaise de Lucques, ma jolie ?  
 
La fumée blanche envahit peu à peu le café … 
 
JULIETTA, hurle 
A l’aide !  
 
Le loup prend Julietta dans ses bras et l’emporte avec lui… 
 
La fumée blanche envahit les lieux… 
 
 
FIN DE LA SCENE 10 
 
 
FIN DE L’ACTE 2 
 
 
 
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EPILOGUE 
 
 
Le nuage de fumée se dissipe… 
 
Quelques heures plus tard… 
 
L’action se déroule dans la rue… 
 
Emiliano (les mains sur la tête) est assis à côté de son vespa qui est en mille pièces… 
 
Soudain, un troupeau de mouton surgit dans la rue avec Belocchio à sa tête lequel tient un bâton dans une main… 
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, surgit à côté d’Emiliano avec le bâton à la main 
Ah, te voilà ! Je te tiens enfin, Emiliano ! 
 
EMILIANO, les mains sur la tête 
Circulez, il n’y a rien à voir !  
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
En voilà un accueil ! Quand je pense que je me suis déplacé jusqu’au village spécialement pour toi… c’est au sujet du troupeau qui…  
 
EMILIANO, les mains sur la tête 
Ce n’est pas le moment… je n’ai vraiment pas la tête à ça. 
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
Qu’est-ce qui se passe ?... quelque chose ne va pas ?... Ah ! Je vois… tu es tombé en vespa.  
 
EMILIANO, les mains sur la tête 
Ce n’est pas pour mon vespa que je m’inquiète… c’est pire que ça ! (Il lève la tête) Mais que fais-tu là, Belocchio ? N’es-tu pas sensé m’attendre dans la plaine de l’olivier ? 
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
J’en ai assez de t’attendre. 
 
EMILIANO, les mains sur la tête 
Tu sais bien que je suis occupé en ce moment.  
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
Tu es surtout très occupé à flâner avec ta Julietta. Dis donc, tu pourrais donner de tes nouvelles de temps à autre. Je n’ai rien contre le fait que tu sois amoureux… seulement, tu pourrais penser aussi à ton travail. (Un temps) De toute façon, le mal est fait… on ne peut plus revenir en arrière… cet hiver, nous avons perdu cent bêtes. Tu entends ce que je te dis ? 
 
EMILIANO, les mains sur la tête 
C’est triste, en effet. 
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
C’est tout l’effet que ça te fait ? Le loup a enlevé toutes les bêtes pour les dévorer et c’est tout l’effet que ça te fait... ça ne peut pu durer, tu m’entends ? 
 
EMILIANO, les mains sur la tête 
Ce n’est pas du tout rassurant pour Julietta. 
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
Mais que vient faire ta fiancée dans cette histoire ? 
 
EMILIANO 
Le loup vient de l’enlever. 
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, le bâton à la main 
C’est terrible ! Où l’a-t-il emmenée ?  
 
EMILIANO 
Je n’en ai aucune idée !? Et c’est bien là tout le problème !  
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, lui tend le bâton  
Prends ce bâton avec toi, berger, tu vas en avoir besoin pour te défendre. 
 
EMILIANO, repousse le bâton 
Que veux-tu que je fasse avec ce morceau de bois ?  
 
BELOCCHIO, en tête du troupeau, lui tend le bâton 
Mais enfin, mon garçon, qu’as-tu fait de ton sourire ? (Il frappe deux fois sur le sol avec le bâton) Rappelle-toi ce que t’a dit Leonardo dans le passé ?  
 
LEONARDO, apparaît comme par l’effet d’une baguette magique, placé derrière son chevalet 
Tu possèdes le plus resplendissant sourire du monde. Quoiqu’il arrive, ne l’abandonne jamais. Dis-toi bien que la terre tourne « rond », ce sont les hommes parfois qui ne tournent pas « rond ». Ne laisse à quiconque le soin d’abîmer ce sourire. Et si jamais tu rencontres un jour le chagrin, conserve toujours avec toi ce sourire, c’est l’un des plus précieux trésors de l’humanité. Avec lui, t’accompagneront toujours la paix, la sagesse et l’harmonie. Et si jamais la chemise du loup devient noire, prends garde, mon garçon. (Il se saisit du bâton) Je t’avais dit : vigilance, mon garçon ! Vigilance ! Or, tu ne m’as pas écouté. Je t’avais également dit de ne jamais te séparer de ton bâton. Là encore, tu ne m’as pas écouté. Le moment est venu de t’en servir. Prends ce bâton et fais appel à son pouvoir. (Il remet le bâton) Frappe deux fois sur le sol et ta bonne étoile ressurgira ! 
 
 
Leonardo s’approche du chevalet et disparaît du lieu comme par magie…  
 
Emiliano frappe deux fois sur le sol avec son bâton… 
 
C’est alors que l’étoile d’Emiliano apparaît dans le ciel… 
 
L’étoile avance dans le ciel… 
 
Emiliano suit l’étoile, son bâton à la main, accompagné du troupeau qui traverse le village avec Belocchio à sa tête… 
 
Un nuage de fumée rose envahit les lieux après le passage du troupeau… 
 
Puis le nuage de fumée rose se dissipe quelques secondes plus tard… 
 
A présent, l’action se déroule sur la falaise de Lucques… 
 
Julietta est attachée à un gros rocher suspendu à la falaise… 
 
L’étoile lumineuse apparaît dans le ciel… 
 
Emiliano surgit avec son bâton à la main… 
 
Emiliano s’approche du rocher où est suspendu Julietta… 
 
Emiliano décroche les liens qui retiennent Julietta… 
 
C’est alors que le loup surgit… 
 
Au moment où le loup bondit sur eux, Emiliano frappe alors deux fois sur le sol avec son bâton, ce qui a pour effet de le faire disparaitre de l’endroit avec Julietta… 
 
Le loup bondissant tombe dans la falaise… 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
FIN DE L’EPISODE 75  
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

(c) emilien casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 15.09.2019
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